Le tribunal de commerce d’Évry a prononcé la liquidation judiciaire de la société française Global Bioenergies, spécialisée dans le développement de carburants d’aviation durable (SAF, pour Sustainable Aviation Fuel), après avoir écarté les deux offres de reprise présentées dans le cadre du redressement judiciaire en cours.
La start-up a précisé qu’aucune des deux propositions n’avait satisfait les critères du tribunal. La première, ne comportant pas de reprise de salariés, a été rejetée pour cette raison, tandis que la seconde a été jugée insuffisante pour garantir une reprise opérationnelle satisfaisante. Un liquidateur judiciaire a été désigné pour organiser la cession des actifs de l’entreprise, incluant son portefeuille de brevets technologiques.
Échec boursier et retrait des marchés
Global Bioenergies a parallèlement annoncé avoir entamé les démarches pour se retirer du marché Euronext Growth à Paris. L’entreprise a indiqué que la valeur de ses actions deviendra nulle, entraînant une perte totale pour ses actionnaires.
Fondée sur un procédé de fermentation bactérienne pour produire de l’isobutène à partir de ressources renouvelables, l’entreprise avait obtenu en 2023 la certification nécessaire à l’utilisation de son SAF dans l’aviation. Des tests avaient été conduits en mars 2025 avec le groupe Safran sur l’étape d’injection et avec l’Office national d’études et de recherches aérospatiales (Onera) sur l’étape de combustion.
Un secteur stratégique confronté à des coûts élevés
Le secteur aérien représente entre 2 et 3% des émissions mondiales de dioxyde de carbone (CO2), et les carburants alternatifs sont considérés comme l’une des rares solutions disponibles pour en réduire l’impact environnemental à court terme.
Les SAF peuvent être produits à partir de biomasse, d’huiles de cuisson usagées ou encore d’hydrogène issu d’électricité bas-carbone. Toutefois, ces procédés restent techniquement complexes et onéreux, limitant pour l’instant leur déploiement à grande échelle.
Pression réglementaire croissante sur les compagnies aériennes
Depuis 2025, la réglementation européenne impose l’incorporation d’au moins 2% de SAF dans le kérosène des avions décollant depuis l’Union européenne. Cette part doit atteindre 6% en 2030, avant de grimper progressivement jusqu’à 70% à l’horizon 2050, imposant aux compagnies aériennes et aux fournisseurs une montée en puissance rapide.
Le retrait de Global Bioenergies met en évidence la difficulté pour les acteurs émergents de s’imposer sur un marché encore balbutiant, malgré l’accélération des obligations réglementaires et l’intérêt croissant de l’industrie.