Les récentes annonces des distributeurs ghanéens d’électricité, Ghana Grid Company (GridCo) et Electricity Company of Ghana (ECG), concernant des perturbations accrues du réseau, plongent la population dans l’inquiétude. Ces coupures, surnommées localement « dumsor », résultent de travaux de maintenance au Nigeria, qui fournissent une part significative du gaz nécessaire à la production d’électricité au Ghana. Malgré des avancées significatives en matière d’électrification, le Ghana continue de lutter contre des pénuries chroniques d’électricité.
Impact économique et social
Le Ghana, avec une population de 33 millions d’habitants, dépend fortement du gaz naturel (63 %) et de l’hydroélectricité (34 %) pour son alimentation électrique. Cependant, les infrastructures vétustes et mal entretenues aggravent la situation. Le pays importe une grande partie de son gaz via le West African Gas Pipeline (WAGP) depuis le Nigeria, un approvisionnement actuellement compromis par des travaux de maintenance.
Réactions et perspectives
Cette dépendance énergétique pose des défis majeurs. Selon Ben Boakye, directeur de l’Africa Centre for Energy Policy (ACEP), « la dépendance à l’égard du gaz, en particulier des fournisseurs extérieurs, nous rend vulnérables ». Il préconise des investissements accrus dans les énergies renouvelables et la modernisation des centrales existantes pour garantir une alimentation régulière. Des entrepreneurs comme Judith Esi Baidoo, une vendeuse de volailles à Accra, subissent les conséquences directes de ces coupures. Elle exprime sa frustration : « Les coupures actuelles rendent déjà difficile la congélation de mes volailles. Maintenant, avec ce plan de gestion de trois semaines, je crains que tout mon stock ne se détériore. » Le Ghana s’efforce de diversifier son approvisionnement énergétique en explorant les technologies de réacteurs modulaires de petite taille (SMR) pour réduire sa dépendance à l’énergie gazière. Bien que cette initiative soit encore en phase de projet, elle représente une étape significative vers une transition énergétique plus durable.
Pression publique et gouvernementale
La population ghanéenne, éprouvée par une récente crise économique et une inflation galopante, voit ces coupures comme une trahison de la part du gouvernement. Timothy Oddoye, un réparateur de téléphones, partage cette frustration : « Le gouvernement a eu des années pour régler ces soucis, mais nous souffrons toujours des mêmes problèmes. » Le 8 juin, des centaines de Ghanéens, soutenus par des célébrités, ont manifesté à Accra sous le slogan #DumsorMustStop. Ces protestations illustrent la pression croissante sur le gouvernement pour trouver des solutions durables à la crise énergétique. L’enjeu énergétique sera un thème central des élections présidentielles prévues en décembre prochain. Les coupures d’électricité persistantes et leur impact sur l’économie et la vie quotidienne des Ghanéens seront des points de débat cruciaux. Cette situation n’est pas unique au Ghana. Le Nigeria, en proie à des délestages fréquents, a également réduit ses approvisionnements au Togo, au Niger et au Bénin depuis le 1er mai, exacerbant une crise énergétique régionale.