Face à un incident majeur à la centrale hydroélectrique d’Enguri, située à la frontière entre l’Abkhazie et la Géorgie, les autorités abkhazes ont dû augmenter les heures de coupure d’électricité de quatre à six heures par jour. Cet ajustement fait suite à la suspension des opérations de la centrale jusqu’au 15 avril, après qu’une section de son tunnel de dérivation a été endommagée, entraînant la chute de débris de béton dans le compartiment de la turbine.
Impact sur la production d’électricité
L’hydroélectricité est la seule source d’énergie produite domestiquement en Abkhazie, la région étant grandement dépendante des importations d’électricité russe. Les niveaux d’eau dans la centrale sont un facteur déterminant pour la stabilité de l’approvisionnement électrique de l’Abkhazie, particulièrement durant les périodes de faible débit fluvial entre octobre et avril, où le réservoir peine à répondre à la demande énergétique.
Relations énergétiques avec la Russie
Depuis 2016, l’Abkhazie négocie l’achat d’électricité avec la Russie pour couvrir la période hivernale, mais les achats annuels n’ont souvent pas suffi à satisfaire la demande régionale. En 2023, la compagnie d’énergie abkhaze Chernomorenergo a acheté pour 40 millions de roubles ($400,000) d’énergie à la Russie, mais cela n’a pas suffi, conduisant à des coupures de courant prolongées.
Réactions locales et mesures à venir
Le 8 avril, Levan Mebonia, président du conseil d’administration de la centrale d’Enguri, a révélé qu’une entreprise privée géorgienne fournissait de l’électricité à l’Abkhazie, une affirmation que le ministre géorgien de l’Économie, Levan Davitashvili, n’a pas pu confirmer. Les résidents locaux, affectés par les hausses de prix de l’électricité, expriment également leur mécontentement, certains envisageant de cesser tout paiement.
La privatisation des stations différentielles de la centrale d’Enguri est un sujet de débat, certains craignant que cela ne conduise à des hausses de prix et à une utilisation de l’infrastructure dans des négociations politiques internationales. Fin 2023, le parlement abkhaze a adopté une loi interdisant la privatisation des grandes installations de production, bien qu’une location à long terme ne soit pas exclue.