Le gazier russe Gazprom suspendra à partir de mardi les livraisons au fournisseur néerlandais GasTerra car il a refusé de payer en roubles, a annoncé la firme néerlandaise lundi. Celle-ci appartient en partie à l’Etat néerlandais.
Nouvelle suspension des livraisons de gaz
“Gazprom a annoncé qu’il interromprait l’approvisionnement à compter du 31 mai 2022″, a déclaré GasTerra dans un communiqué, tout en soulignant avoir “anticipé cela en achetant ailleurs”.
Après le début de l’opération militaire russe en Ukraine le 24 février et l’imposition de sanctions occidentales, le président russe Vladimir Poutine avait réclamé le 31 mars aux acheteurs de gaz russe de pays “inamicaux” de payer en roubles depuis des comptes en Russie sous peine d’être privés d’approvisionnements.
“GasTerra a exhorté à plusieurs reprises Gazprom à respecter la structure de paiement et les obligations de livraison convenues par contrat, malheureusement en vain”, a expliqué l’entreprise.
“GasTerra ne se conforme pas à ces exigences de paiement”, a-t-elle ajouté soulignant que celles-ci présentent “un risque de violation des sanctions élaborées par l’UE”, mais aussi des “risques financiers et opérationnels”.
Suite à cette décision, Gazprom ne fournira pas 2 milliards de mètres cubes de gaz aux Pays-Bas a déclaré GasTerra, ajoutant qu’il “a anticipé cela en achetant du gaz ailleurs”.
L’État néerlandais détient directement une participation de 10% dans GasTerra et 40% supplémentaires par l’intermédiaire de la société gazière publique EBN. Le reste appartient aux géants de l’énergie Shell et Esso.
Le gouvernement rassure les Néerlandais
Les Pays-Bas utilisent actuellement environ 40 milliards de mètres cubes de gaz naturel, dont environ 6 milliards de mètres cubes provenaient de Russie selon le gouvernement.
Le gouvernement néerlandais a déclaré qu’il “comprenait” la décision de GasTerra de ne pas se conformer à la demande “unilatérale” de Gazprom.
“Cette décision n’a aucune conséquence sur l’approvisionnement physique en gaz des ménages néerlandais”, a déclaré sur Twitter le ministre néerlandais du Climat et de l’Energie, Rob Jetten.
Les Pays-Bas sont le dernier d’une série de pays européens à être touchés par une coupure du gaz russe, la Finlande voyant ses approvisionnements coupés en mai.
Se détacher du gaz russe
Les Néerlandais dépendent de la Russie pour environ 15% de leurs approvisionnements en gaz, soit quelque six milliards de mètres cubes par an, selon le gouvernement. C’est moins que la moyenne européenne de 40 %, mais comme d’autres pays européens, les Pays-Bas s’efforcent de réduire leur dépendance à l’énergie russe.
Le Premier ministre néerlandais Mark Rutte, à Bruxelles pour un sommet européen où les dirigeants peinent à s’entendre sur un embargo russe sur le pétrole, a insisté sur le fait que son pays n’avait pas de problème de sécurité énergétique.
“Je pense qu’il n’y a pas de gros problème concernant la sécurité énergétique néerlandaise, bien sûr, nous travaillons tous pour nous assurer que nous restons stables en termes d’approvisionnement énergétique”, a-t-il déclaré à des journalistes.
Le gouvernement néerlandais a déjà retardé la fermeture d’un immense champ gazier dans la province septentrionale de Groningue, qui a subi des tremblements de terre à répétition dus à l’extraction de gaz, pour faire face à la crise énergétique.