Depuis janvier, le gouvernement de Kiev accuse le Kremlin d’utiliser Gazprom comme une arme politique. À présent que la guerre oppose les deux pays, on s’attend à ce que ce commerce s’arrête. Pourtant, il semble exister des intérêts plus importants que ceux en cause dans le conflit. En effet, le 7 mars, l’agence de presse russe Prime rapporte que le géant de l’énergie russe Gazprom poursuit ses activités en Ukraine.
Ainsi, Gazprom déclare que 109,5 millions de mètres cubes de gaz transitent chaque jour par le réseau gazier en Ukraine. Tandis que des villes ukrainiennes sont assiégées, les belligérants prennent garde à ne pas endommager ce dernier lien entre les deux pays. Les combats épargnent, pour le moment, les infrastructures énergétiques du pays. De fait, le gazoduc Brotherhood qui traverse l’Ukraine poursuit une activité quasiment normale des deux côtés de la ligne de front.
Gazprom respecte ses engagements mais n’offre aucune garantie pour l’avenir.
En dépit de ses liens avec les autorités russes, Gazprom a toujours mis un point d’honneur à respecter ses engagements. Elle tient à demeurer un partenaire fiable pour les marchés européens ce qui peut expliquer cette situation paradoxale.
Les contrats qui la lient aux États de l’Union européens ne sont pas rompus malgré les sanctions. Généralement ses contrats de livraisons s’étalent sur plusieurs mois. Plusieurs gouvernements européens s’opposent encore à ce que les sanctions occidentales touchent le secteur énergétique. Par exemple, le bannissement de la Russie du réseau SWIFT épargne les compagnies et les banques liées à l’énergie.
Toutefois, les pressions sur la Russie se renforcent. Le projet de Gazprom du gazoduc Nord Stream 2 est suspendu depuis le 28 janvier. Les marchés du monde entier ne veulent plus prendre le risque d’assurer de nouveaux contrats avec la Russie. Il est donc probable que les exportations de gaz russe baissent dans les semaines à venir.