Gazprom a annoncé la suspension totale des livraisons de gaz à Engie en raison de l’absence de paiement. L’arrêt des livraisons de gaz est effectif à partir de jeudi. L’annonce de Gazprom constitue une nouvelle difficulté pour l’approvisionnement énergétique de l’Europe à l’approche de l’hiver.
Les réductions de flux de Gazprom touchent l’ensemble de l’Europe
En raison des sanctions imposées à la Russie, Gazprom avait déjà fait part de sa volonté de ne plus livrer l’Europe. Précédemment, l’entreprise russe avait réduit ses flux de gaz vers le Vieux continent.
L’Allemagne a connu, pour sa part, plusieurs coupures temporaires de gaz via Nord Stream 1. Par ailleurs, dans les prochains jours, le pays devrait connaître un nouvel arrêt des flux dû à une maintenance. De manière globale, la Russie a réduit l’approvisionnement en gaz de Nord Stream à 20% de sa capacité habituelle.
En ce qui concerne l’arrêt des livraisons envers Engie, Gazprom invoque un non-paiement de la part de l’entreprise française pour les livraisons de gaz de juillet. À ce sujet, la société russe déclare dans un communiqué:
« À cet égard, Gazprom Export a notifié à Engie la suspension complète des livraisons de gaz à partir du 1er septembre 2022, jusqu’au moment où elle recevra le paiement intégral du gaz qu’elle a fourni. »
De son côté, Engie n’a pas souhaité faire de commentaire. L’entreprise, qui détient 9% de participation dans Nord Stream, avait antérieurement annoncé une réduction des approvisionnements de Gazprom.
Quel impact pour l’économie française?
Auparavant, les livraisons de gaz de Gazprom à Engie avaient déjà considérablement diminué depuis mars. Bruno Lemaire, ministre de l’Économie et des Finances, avait souligné le lien entre les livraisons de gaz russe et l’économie française. Il avait alors déclaré qu’une « réduction drastique » des livraisons de gaz entraverait les prévisions de croissance du PIB du pays.
Effectivement, de nombreux secteurs économiques utilisent le gaz pour fonctionner. Par exemple dans l’industrie, le gaz est la première source d’énergie utilisée en 2019.
L’arrêt complet des livraisons de gaz par Gazprom est, de ce fait, inquiétant. Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition énergétique, a déclaré à France Inter:
« Très clairement, la Russie utilise le gaz comme une arme de guerre et nous devons nous préparer au pire scénario d’une interruption complète des approvisionnements. »
Pour l’un des collaborateurs de la ministre, Gazprom ne respecte pas ses contrats. De plus, il assure que la France a réussi à diversifier ses sources d’approvisionnement énergétique et qu’elle réussira à faire le plein de gaz en vue de l’hiver.
Avant l’invasion de l’Ukraine, Gazprom fournissait 17% du gaz d’Engie mais, depuis, les importations ont chuté à 4%. En d’autres termes, l’approvisionnement russe est descendu à 1,5 TWh.
Cependant, la dépendance de la France à l’égard du gaz russe est moins prégnante que les autres pays européens. Selon les données du gouvernement, l’Hexagone se fournit notamment auprès de la Norvège, des Pays-Bas, de l’Algérie et du Qatar.
De surcroît, Engie a affirmé être en pourparlers avec Sonatrach pour augmenter ses importations en provenance d’Afrique du Nord.
Une difficulté supplémentaire à l’approche de l’hiver
L’arrêt total des livraisons de gaz par Gazprom pourrait encore compliquer les choses pour la France à l’approche de l’hiver. Toutefois, Olivier Véran, porte-parole du gouvernement, a réaffirmé que le pays aurait constitué ses réserves de gaz avant la fin de l’été:
« Nous sommes en avance sur le calendrier. »
De fait, le gouvernement affirme que les réserves sont remplies à 90%.
La crise énergétique que traverse actuellement l’Europe a eu un impact négatif sur les prix de l’électricité en France. Même si le prix de base a baissé pour 2023 (730 €/MWh), il reste dix fois plus important qu’à la même période en 2021.
En raison des perturbations et des réductions d’approvisionnements de Gazprom, les prix du gaz ont explosé. En conséquence, les gouvernements européens tentent de trouver des alternatives avant l’arrivée de l’hiver.
De surcroît, la France connaît des problèmes avec ses centrales nucléaires, dont la production n’a jamais été aussi basse depuis 30 ans.
Récemment, la Première ministre, Elisabeth Borne a demandé aux entreprises françaises de préparer d’économie d’énergie. Elle a notamment déclaré que ces dernières seraient les premières touchées en cas de rationnement en gaz et en énergie.