Gazprom se prépare à couper l’approvisionnement d’Engie. Les flux de gaz russe vers la France seront totalement taris jeudi, après l’annonce mardi soir par le géant russe Gazprom de la suspension totale à cette date de ses livraisons au groupe français Engie.
Gazprom ne livrera plus de gaz à Engie
Un différend entre énergéticiens
Le différend sur l’approvisionnement en gaz entre Engie et Gazprom s’est intensifié mardi soir. La société russe a annoncé qu’elle interrompra les livraisons à Engie à partir du 1er septembre. En cause, le non-paiement par ce dernier de l’intégralité des livraisons effectuées en juillet.
De fait, Engie a déduit du paiement une « compensation » pour la baisse des approvisionnements en gaz ces dernières semaines. La source interrogée n’a cependant pas quantifié le montant déduit. Elle a seulement ajouté qu’il était trop tôt pour dire si le différend entre les deux sociétés serait rapidement résolu.
Une conséquence d’un différend entre États
Depuis le début de la guerre en Ukraine, les gouvernements européens accusent la Russie d’instrumentaliser les approvisionnements énergétiques et de les utiliser comme une « arme de guerre ».
Agnès Pannier-Runacher, la ministre française de la Transition énergétique, a déclaré:
« Comme nous l’avions prévu, la Russie utilise le gaz comme arme de guerre. Elle utilise Engie comme prétexte pour réduire davantage les approvisionnements en France. »
Néanmoins, Moscou invoque l’impact des sanctions occidentales pour justifier des défaillances techniques qui l’obligent à réduire l’offre.
En juillet, Gazprom avait procédé à dix jours de travaux de maintenance sur Nord Stream 1. À l’issue de cet arrêt, l’entreprise avait rouvert le robinet mais en réduisant les quantités livrées qui s’établissent désormais à 20% de la capacité du gazoduc. Cette fois, la Russie a arrêté les livraisons de gaz via le gazoduc Nord Stream 1 entre le 31 août et le 2 septembre.
La réponse occidentale
Engie, un énergéticien préparé à ce scénario
La Russie représente désormais moins de 4% des importations de gaz d’Engie, contre 17% avant la guerre en Ukraine. De fait, Engie a diversifié son approvisionnement en prévision d’un éventuel arrêt des livraisons de gaz russe. L’entreprise s’est ainsi tournée vers ses fournisseurs traditionnels, notamment la Norvège, l’Algérie, le Qatar ou encore les États-Unis.
Par ailleurs, la multinationale a assuré avoir anticipé ce scénario en mettant en place des mesures pour pouvoir fournir ses clients, y compris en cas d’interruption des flux de Gazprom.
La diversification des approvisionnements français et européens
Les gouvernements européens craignent de nouvelles réductions de l’offre. Celles-ci risquent d’aggraver la crise énergétique qui a déjà augmenté les prix de gros du gaz de 400% depuis août 2021.
Les gouvernements européens misent donc sur la diversification de leurs approvisionnements. La France a, par exemple, réduit son exposition aux importations de gaz russe à 9%, contre 17% avant la guerre.
En outre, Agnès Pannier-Runacher commente:
« La France s’est préparée à ce scénario depuis le printemps. Le remplissage des stocks de gaz devrait atteindre son maximum dans environ deux semaines. »
Ces enjeux seront abordés ce vendredi 2 septembre, lors d’un conseil de défense consacré à l’approvisionnement en gaz et en électricité du pays.