Les ministres européens de l’Énergie ont validé lundi leurs objectifs de remplissage des stocks de gaz, sans les réviser malgré la récente chute drastique des livraisons de Moscou, mais restent prudents sur la possibilité d’un plafonnement des prix sur les hydrocarbures russes.
Réunis au Luxembourg, les ministres ont donné comme prévu leur feu vert formel au règlement prévoyant que les 18 États membres qui en disposent remplissent leurs réserves souterraines de gaz à “au moins 80%” de leur capacité d’ici novembre.
L’objectif du texte, fruit d’un accord à la mi-mai entre Etats et eurodéputés, est de renforcer la sécurité énergétique du continent en réduisant sa dépendance aux hydrocarbures russes, dans le contexte de la guerre en Ukraine.
Les 27 maintiennent leurs objectifs
Le plan, préparé fin mars par Bruxelles, prévoit des objectifs intermédiaires contraignants pour chaque État. Malgré la récente décision de Moscou de sabrer drastiquement ses livraisons de gaz, au point que l’Allemagne, à l’unisson d’autres Etats, sonne désormais l’alarme contre un risque de pénurie, l’UE maintient ses objectifs.
“Des éléments nouveaux sont intervenus depuis la négociation du règlement, mais nous nous trouvions au 21 juin au-dessus des niveaux de stockage d’il y a un an et dans les jalons fixés” initialement par la Commission, fait valoir un diplomate européen, sans écarter de “nouvelles discussions cet été selon la situation”.
Les stocks se remplissent “plus lentement”, a néanmoins averti le ministre allemand de l’Economie Robert Habeck, misant sur une baisse de la consommation et d’autres sources d’énergies alternatives pour affronter l’hiver.
Le règlement établit pour le 1er août des objectifs de remplissage variant selon les Etats, de 40% (Suède) à 80% (Pologne), les 18 États concernés étant censés avoir tous des stocks d’au moins 80% au 1er novembre. Les autres devront stocker 15% de leur consommation nationale annuelle dans des réserves localisées dans d’autres Etats membres.
Un plafonnement sur le prix payé à la Russie ?
En revanche, les Européens restent divisés sur la proposition des États-Unis d’imposer un plafonnant sur le prix payé à la Russie pour son pétrole brut, afin de restreindre encore davantage les revenus permettant à Moscou de financer la guerre en Ukraine.
“L’expérience montre que, pour les pays qui ont tenté ce type d’expérience, cela n’a jamais marché correctement”, a lâché le ministre croate Davor Filipovic. À l’inverse, Madrid se montre ouvert à ce que “l’Europe utilise son poids de grand acteur de marché” pour négocier le prix des hydrocarbures qu’elle importe.
“Nous sommes ouverts à discuter de la proposition américaine, mais il faut voir dans le détail comment l’appliquer: comment faire en sorte que ce soit respecté, sans contournement?”, s’interroge un haut responsable européen.