Soucieux d’amortir la chute des livraisons russes et de réduire leur dépendance aux hydrocarbures importés, les Vingt-Sept s’étaient entendus en juillet dernier pour réduire leur demande de gaz sur la période août 2022-mars 2023 de 15% par rapport à la moyenne des cinq dernières années. Une cible largement dépassée, grâce à une météo clémente et aux tarifs élevés qui ont poussé ménages et entreprises à faire des économies : selon Eurostat, la consommation de gaz dans l’UE a diminué de 19,3% entre août et janvier, par rapport à la consommation moyenne sur la même période entre 2017 et 2022.
Cet objectif «volontaire» a été reconduit à l’identique par les ministres de l’Énergie réunis mardi à Bruxelles, sur proposition de la Commission européenne. Entre début avril 2023 et fin mars 2024, les États devront ainsi s’efforcer de baisser de 15% leur consommation gazière par rapport à la moyenne enregistrée sur ces mêmes mois entre 2017 et 2022. Ils restent libres de choisir les moyens d’y parvenir.
«La partie n’est pas terminée, il faut se mettre en position d’affronter l’hiver prochain» Cette réduction ne deviendra contraignante que s’ils décident de déclarer une «situation d’alerte» au niveau de l’UE en cas de menace grave de pénurie. «L’UE n’est pas complètement sortie de la crise énergétique et la Russie continue d’utiliser l’énergie comme une arme. Les États européens doivent rester solidaires et se préparer avant l’hiver prochain», a prévenu la ministre suédoise de l’Énergie Ebba Busch, dont le pays assure la présidence tournante de l’UE.
La commissaire européenne à l’Énergie Kadri Simson avait estimé que cette prolongation constituait «la meilleure assurance d’atteindre le niveau de stockage adéquat d’ici novembre», à au moins 90% des réserves de l’UE comme le prévoit désormais le droit européen. «Adopter cet objectif de réduction (de la consommation) l’an dernier a été décisif pour aborder l’hiver sans gaz russe et dans notre combat contre le chantage énergétique mené par la Russie (…) Mais la partie n’est pas terminée, il faut se mettre en position d’affronter l’hiver prochain», a abondé son homologue tchèque Jozef Sikela.
A contrario, la Hongrie a annoncé avoir, tout comme la Pologne, voté contre le texte, jugeant qu’il «retirait aux États leur droit souverain de décider comment consommer leur énergie» et estimant que «l’augmentation des approvisionnements de gaz (était) la seule solution raisonnable et efficace» pour faire reculer les prix de l’énergie dans l’UE, selon le porte-parole du gouvernement hongrois.