Gauss Fusion a présenté un rapport de conception de plus de 1 000 pages détaillant les fondations techniques de GIGA, sa centrale à fusion commerciale. Le document définit les systèmes critiques nécessaires à la construction d’un tel site, notamment l’architecture générale, la sécurité, la stratégie de qualification, l’ingénierie des systèmes, la gestion du cycle de vie et les considérations liées aux déchets radioactifs.
Ce rapport intervient peu après l’annonce d’un plan d’investissement de €2bn ($2.11bn) par le gouvernement allemand pour soutenir le développement de la fusion. L’entreprise prévoit un coût compris entre €15bn et €18bn ($15.83bn-$18.99bn) pour mener à bien ce projet d’ici le milieu des années 2040. Ces estimations tiennent compte des incertitudes liées aux technologies de première génération.
Un programme structuré sur le modèle aérospatial
Gauss Fusion adopte une approche inspirée de l’industrie aéronautique en réunissant des équipes interdisciplinaires sur un même site pour accélérer les phases de conception. Ce modèle d’ingénierie simultanée permettrait, selon l’entreprise, d’améliorer l’efficacité des premières phases de développement tant en termes de coûts que de résultats techniques.
La stratégie repose sur une gestion active des risques et opportunités, l’usage d’indicateurs de performance, ainsi qu’un découpage en étapes clés pour permettre un pilotage précis du programme. L’entreprise ambitionne de faire de GIGA le point de départ d’une série de centrales de fusion européennes, au sein d’un effort industriel coordonné baptisé “Eurofighter for Fusion”.
Des alliances industrielles à travers l’Europe
Le projet s’appuie sur un réseau de partenaires industriels et de centres de recherche dans plusieurs pays européens. En Allemagne, Gauss Fusion collabore avec le Karlsruhe Institute of Technology, le Forschungszentrum Jülich et le Max-Planck-Institut für Plasmaphysik. En France, des accords ont été conclus avec Alsymex, Assystem et le Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA).
En Espagne, l’ingénierie du cycle de combustible est assurée par IDOM, également actionnaire de Gauss Fusion. L’Italie participe à travers des partenariats avec l’Agenzia nazionale per le nuove tecnologie, l’energia e lo sviluppo economico sostenibile (ENEA), l’Italian Consortium for Applied Superconductivity (ICAS), ASG Superconductors et SIMIC. Ces collaborations visent à réunir les compétences industrielles et scientifiques nécessaires pour assurer la souveraineté énergétique du continent via la fusion.
Vers une phase d’ingénierie détaillée en 2026
Le rapport marque la fin d’une phase de trois ans de conception conceptuelle. La prochaine étape consistera à transformer ce modèle en plan d’ingénierie détaillé, à partir de 2026, sous réserve de l’évaluation positive par un comité indépendant prévu en janvier. Le Bundesministerium für Forschung, Technologie und Raumfahrt (ministère fédéral de la Recherche, de la Technologie et de l’Espace) a joué un rôle clé dans le soutien aux technologies nécessaires via des partenariats public-privé.
Milena Roveda, directrice générale de Gauss Fusion, a déclaré : « Le Conceptual Design Report prouve que les technologies, matériaux et chaînes d’approvisionnement nécessaires à la fusion sont à portée de main. »