La République gabonaise a publié le deux juillet de nouvelles directives visant à accélérer l’attribution de licences en offshore profond, une zone jugée cruciale pour inverser la tendance baissière d’une production passée de trois cent soixante-cinq mille barils par jour en mille neuf cent quatre-vingt-seize à environ deux cent mille barils par jour en deux mille vingt-trois. Le ministère du Pétrole du Gabon a précisé que soixante-douze pour cent de son domaine maritime reste inexploré, offrant un potentiel important pour de nouvelles découvertes. Les autorités comptent sur le code des hydrocarbures adopté en deux mille dix-neuf, qui revoit la fiscalité et les parts de production, pour attirer de nouveaux capitaux. Agence Ecofin a rapporté le quatre juillet que plusieurs compagnies manifestent déjà leur intérêt pour la prochaine campagne d’appels d’offres.
Des conditions contractuelles jugées plus attractives
Les changements introduits par la loi renforcent les incitations fiscales, notamment des taux d’imposition plus bas et la possibilité de récupérer les coûts sur une période plus courte. BW Energy, société indépendante basée à Oslo, a annoncé avoir intensifié l’acquisition sismique trois dimensions sur ses permis situés à l’ouest du delta de l’Ogooué. Panoro Energy, autre producteur coté à Londres, a également accru son budget d’exploration, citant un environnement contractuel qu’elle juge plus compétitif. Les analystes de GlobalData estiment que le coût de développement en eaux profondes dans le golfe de Guinée demeure inférieur à quarante dollars le baril, ce qui soutient la viabilité de projets nouveaux malgré la volatilité des prix.
Les financements proviennent essentiellement de banques régionales disposées à syndiquer des prêts assortis de garanties sur la production future. Selon la Banque des États de l’Afrique centrale, les décaissements au secteur énergétique ont progressé de vingt-deux % au premier semestre. Les compagnies juniors profitent d’un mécanisme d’amortissement accéléré introduit par le ministère des Finances pour les équipements sous-marins. Cette mesure réduit de moitié la charge fiscale durant les cinq premières années d’exploitation, un avantage jugé décisif pour les forages en eaux profondes.
Modernisation des infrastructures en aval
En parallèle, Libreville veut sécuriser plus de revenus en aval en modernisant la Société gabonaise de raffinage, dont la capacité de traitement atteindra trente-cinq mille barils quotidiens après travaux. La raffinerie de Port-Gentil, à l’arrêt partiel depuis deux mille vingt-trois, doit redémarrer au premier semestre deux mille vingt-six selon le calendrier officiel. Le plan national inclut également une unité flottante de liquéfaction de gaz, dite Floating Liquefied Natural Gas (FLNG), prévue à Cap Lopez, afin de capter la production associée et de réduire le torchage d’ici deux mille vingt-huit. Le ministère des Hydrocarbures estime que l’ajout de cette installation pourrait tripler les revenus gaziers par rapport au niveau de base de deux mille vingt-trois.
La relance dépend toutefois de la signature rapide des contrats de partage de production, qui doivent encore recevoir l’aval de la Direction générale des Hydrocarbures et du Parlement. Les acteurs financiers surveillent l’évolution de la dette publique gabonaise, classée en catégorie spéculative par plusieurs agences de notation, ce qui pourrait renchérir le coût du capital. Les discussions en cours avec la Banque africaine de développement cherchent à garantir des mécanismes de couverture contre la fluctuation des cours, condition essentielle pour attirer les majors. En l’absence de ces garanties, les opérateurs pourraient privilégier des pays voisins offrant des régimes contractuels similaires mais des notations souveraines plus élevées.
Stabilité politique et perspectives de découvertes
Le pays table également sur la stabilité politique retrouvée après la transition institutionnelle de deux mille vingt-quatre pour rassurer les investisseurs étrangers. Le Conseil militaire de transition a maintenu le cadre juridique existant, évitant ainsi tout gel de licences ou révision unilatérale de contrats. Cette continuité est jugée déterminante pour financer la campagne sismique régionale prévue sur quinze mille kilomètres carrés d’ici la fin de l’année prochaine. Les conseillers du cabinet Wood Mackenzie notent que le Gabon propose désormais l’un des délais d’approbation les plus courts de la région, soit moins de six mois entre l’attribution d’un bloc et la ratification finale.
Selon les chiffres compilés par l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), la contribution du Gabon au quota africain est tombée à un virgule neuf pour cent en deux mille vingt-quatre, contre trois pour cent une décennie plus tôt. Les autorités estiment qu’un seul puits de découverte en offshore profond peut ajouter jusqu’à quinze mille barils quotidiens à la capacité nationale. Un récent sondage ministériel recense vingt-et-un prospects forés depuis deux mille dix-neuf, dont six considérés comme commerciaux. GlobalData rappelle qu’en dépit du déclin historique, soixante-douze pour cent du potentiel offshore gabonais reste à découvrir.