Le Gabon a officiellement revendiqué sa souveraineté sur trois îlots potentiellement riches en pétrole devant la Cour internationale de justice (CIJ). Cette démarche intervient dans le cadre d’un différend territorial avec la Guinée équatoriale, une querelle qui remonte aux années 1970.
Les îlots en question, Mbanié, Cocotier et Conga, sont situés à une dizaine de kilomètres des côtes des deux nations d’Afrique de l’Ouest. Mbanié, la plus grande des trois, s’étend sur une trentaine d’hectares (0,3 km²), tandis que Cocotier et Conga sont de plus petite taille et de faible altitude.
Historique du Conflit Territorial
Le différend trouve ses origines dans un traité signé en 1900 entre la France et l’Espagne, alors puissances coloniales, qui établissait les frontières entre les deux empires. Cependant, les ambiguïtés de ce traité ont conduit à des contestations ultérieures.
En 1974, un traité ultérieur, la convention de Bata, a été signé, que le Gabon interprète comme lui conférant la souveraineté sur les îlots contestés. Marie-Madeleine Mborantsuo, présidente honoraire de la cour constitutionnelle du Gabon, a affirmé que ce traité avait résolu toutes les questions de fond concernant les frontières entre les deux pays.
Positions des Parties en Conflit
La Guinée équatoriale, de son côté, conteste la validité de la convention de Bata. Elle accuse le Gabon d’occuper illégalement les îlots depuis 1972, année où une intervention militaire gabonaise aurait eu lieu pour prendre le contrôle des territoires en question.
Philippe Sands, avocat représentant la Guinée équatoriale, a vivement critiqué la légitimité du traité de Bata devant la CIJ. Il a déclaré que la Cour entrerait « dans le monde de l’invraisemblance et du ridicule » en reconnaissant la validité de documents dont les originaux sont introuvables.
Déroulement de la Procédure devant la CIJ
Les deux nations ont soumis leur différend à la CIJ en 2016, cherchant une résolution pacifique à une querelle qui a longtemps entaché leurs relations bilatérales. Les audiences, qui se déroulent actuellement à La Haye (Pays-Bas), devraient s’étaler sur plusieurs semaines, avec une décision finale pouvant prendre plusieurs mois.
Mme Mborantsuo a reconnu que « malheureusement, ni l’une ni l’autre des deux parties n'[a] retrouvé l’original du traité de la convention de Bata », soulignant les difficultés liées à la gestion des archives avant l’ère électronique. Cette absence de document original complique davantage la tâche de la CIJ pour statuer sur la légitimité des revendications des deux pays.
Implications Économiques et Géopolitiques
La possession des îlots en question est stratégique en raison de leur potentiel pétrolier. L’exploitation des ressources énergétiques dans cette région pourrait avoir des retombées économiques significatives pour le pays détenteur de la souveraineté.
De plus, ce litige reflète les tensions géopolitiques dans la région, où plusieurs pays africains cherchent à étendre leur influence et à sécuriser leurs ressources naturelles. La décision de la CIJ pourrait donc avoir des implications au-delà des frontières du Gabon et de la Guinée équatoriale, influençant potentiellement d’autres différends similaires sur le continent.
Réactions Internationales
La communauté internationale observe de près cette affaire, reconnaissant son importance pour la stabilité régionale et la gestion des ressources naturelles. Plusieurs pays et organisations internationales ont appelé à une résolution équitable et basée sur le droit international, soulignant l’importance du respect des traités et des accords historiques.
L’issue de cette procédure pourrait également servir de précédent pour d’autres conflits territoriaux en Afrique et ailleurs, renforçant le rôle de la CIJ comme arbitre impartial dans les disputes internationales.