La filière nucléaire française fait face à une augmentation significative des signalements d’irrégularités. L’Autorité de sûreté nucléaire et de radioprotection (ASNR) a examiné 71 cas en 2024, contre 43 l’année précédente. Ces signalements incluent des contrefaçons, des falsifications et des suspicions de fraude.
Une hausse perçue comme un progrès
Malgré cette progression des signalements, les autorités de régulation considèrent ce phénomène sous un prisme positif. Selon Stéphanie Guénot-Bresson, commissaire de l’ASNR, cette augmentation est le fruit d’une surveillance accrue et d’une collaboration renforcée avec les exploitants. Ces derniers, à l’instar d’EDF et d’Orano, ont davantage remonté d’eux-mêmes des irrégularités constatées sur leurs sites.
Des cas concrets de falsification
Les irrégularités les plus fréquentes concernent des écarts dans les opérations de maintenance et de contrôle. Certains techniciens déclarent avoir réalisé des interventions spécifiques – comme le resserrage de boulons ou des mesures de radioactivité – mais les vérifications montrent que ces actions n’ont pas été exécutées. Christophe Quintin, inspecteur en chef de l’ASNR, précise que toutes ces anomalies ne relèvent pas forcément de la fraude, certaines étant de simples écarts à la qualité.
Un contexte de relance du nucléaire
L’année 2024 marque une phase critique pour la filière nucléaire française, avec une volonté politique de relancer l’atome pour renforcer la souveraineté énergétique. Cependant, cette dynamique crée un risque accru de fraudes, notamment dans les processus de certification des équipements. L’ASNR avait alerté en début d’année sur des cas où des résultats d’essais avaient été modifiés pour être déclarés conformes aux standards de sécurité.
Des engagements renforcés pour la sûreté
Face à ces enjeux, EDF et les autres acteurs du secteur ont pris des engagements pour améliorer la traçabilité et la qualité des contrôles. Pierre-Marie Abadie, président de l’ASNR, affirme que l’organisme restera attentif à la mise en œuvre de ces engagements et au respect des exigences de sûreté dans la relance de l’industrie nucléaire française.