La Corse franchit une étape majeure dans sa transition énergétique. Vendredi, le PDG d’EDF, Luc Rémont, a posé la première pierre de la centrale électrique du Ricanto, à Ajaccio, un projet alimenté par de la biomasse liquide issue de l’huile de colza. Ce projet, destiné à remplacer l’actuelle centrale du Vazzio fonctionnant au fioul lourd, s’inscrit dans une démarche ambitieuse de décarbonation.
La centrale, dont la mise en service est prévue avant la fin 2027, comprendra huit moteurs de nouvelle génération capables de produire une puissance totale de 130 mégawatts (MW). Alimentée par 100 000 tonnes annuelles de biomasse importée d’Europe, elle permettra de réduire de 65 % les émissions de CO2, selon EDF. Cette avancée est d’autant plus importante que les émissions de gaz à effet de serre constituent un défi majeur dans la lutte contre le réchauffement climatique.
Une solution pour l’autonomie énergétique de la Corse
Selon Luc Rémont, cette centrale contribuera à renforcer l’autonomie énergétique de l’île et à répondre aux besoins d’environ 110 000 habitants. Ce projet, estimé à 800 millions d’euros, s’accompagne d’un investissement à long terme de 6 milliards d’euros pour ses 25 années de fonctionnement. La ministre du Partenariat avec les territoires, Catherine Vautrin, a souligné l’importance de ce chantier pour mettre fin à l’utilisation du fioul lourd en Corse.
Actuellement, l’approvisionnement énergétique de l’île repose sur un équilibre entre les importations depuis l’Italie, les énergies renouvelables (solaire et hydraulique), et les centrales thermiques de Vazzio et de Lucciana. La centrale du Ricanto vise à réduire la dépendance aux énergies fossiles, tout en complétant les efforts vers une production plus verte.
Un soutien renforcé pour la transition énergétique
Le gouvernement a également annoncé une enveloppe annuelle de 200 millions d’euros sur dix ans, destinée à accélérer la transition énergétique de l’île. Malgré ces efforts, produire de l’électricité en Corse reste plus coûteux qu’en France continentale, en raison des contraintes géographiques. En 2023, l’État a alloué 370 millions d’euros pour garantir que le prix du kilowatt/heure reste identique sur l’île et le continent.
Ce projet arrive près de deux décennies après les coupures de courant historiques de 2005, où des températures exceptionnellement basses et une insuffisance de production avaient laissé la majorité des foyers corses sans électricité pendant plusieurs jours. Depuis, EDF a renforcé les infrastructures pour éviter de telles crises.
Alors que le chantier du Ricanto avance, ce projet représente une avancée significative dans la stratégie énergétique française pour les zones insulaires, tout en marquant une étape vers une Corse plus résiliente et durable.