La France de 2050 consommera moins de gaz naturel mais devra financer le même niveau d’infrastructures gazières, indique une étude publiée mardi par la Commission de régulation de l’énergie (CRE), qui laisse augurer d’un virage tarifaire.
« Même dans un scénario très volontariste, avec peu de gaz, on a globalement toujours besoin de réseaux gaz », a observé la présidente de la CRE, Emmanuelle Wargon, en présentant ce rapport sur l’avenir des infrastructures gazières. « Cela veut dire que le coût des réseaux devra être mutualisé différemment », a-t-elle ajouté.
La CRE doit renouveler d’ici fin 2023 les tarifs applicables aux factures de gaz pour la partie distribution, transport et stockage pour les quatre prochaines années. « L’idée est de prendre un virage dans la construction des tarifs et dans la régulation qui tienne compte du fait qu’on va avoir, en gros, les mêmes besoins d’infrastructures avec (…) un volume de térawattheures consommé qui va baisser », a exposé l’ancienne ministre.
Dans son rapport, le régulateur de l’énergie examine trois hypothèses prévoyant, toutes, que les prochaines générations consommeront en 2050 beaucoup moins de gaz qu’aujourd’hui. Elle part aussi du principe que la France n’utilisera en 2050 que du gaz renouvelable (non fossile) produit localement, grâce à la méthanisation ou à d’autres procédés encore peu répandus.
Malgré cette métamorphose, le réseau actuel, composé de 37.000 kilomètres de canalisations de transport et de plus de 200.000 kilomètres de conduites pour la distribution chez le client, restera indispensable, y compris pour la desserte des voisins européens. « Les actifs libérables se concentrent sur le réseau de transport principal » et « représentent entre 3 et 5% des km de canalisations de transport ainsi qu’au moins 7 stations de compression », conclut l’étude en synthèse. Le réseau de distribution, quant à lui, restera « nécessaire et essentiellement dimensionné pour la production de gaz vert » tandis que « certains actifs pourraient être abandonnés dans une proportion qui devrait rester très limitée », ajoute-t-elle.
La France importe aujourd’hui la quasi-totalité de ses besoins : 450 TWh en 2022, couvert à 98% par du gaz fossile et servant majoritairement à chauffer les bâtiments. L’étude qui s’inscrit dans les travaux préparatoires à la loi de Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) s’appuie sur des scénarios de baisse de la consommation de gaz existants, allant du simple au double. Les gestionnaires de réseaux anticipent 393 TWh en 2030 et 320 TWh en 2050 (-29% comparé à 2022).
Le scénario le plus frugal de l’Ademe, l’agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie, table sur 283 TWh en 2030 et 165 TWh en 2050, soit une consommation réduite des deux-tiers par rapport à aujourd’hui.