Le gouvernement français cherche à équilibrer son budget pour 2025 en imposant de nouvelles taxes sur les centrales de production d’électricité, tout en évitant une hausse des factures pour les consommateurs. Cette démarche vise à mobiliser les énergéticiens sans freiner la transition énergétique en cours. Toutefois, cette proposition suscite des inquiétudes parmi les principaux acteurs du secteur, qui craignent des répercussions sur leurs investissements futurs.
Parmi les options envisagées figure la « contribution sur les rentes inframarginales » (Crim), destinée aux centrales dépassant 260 mégawatts, incluant les installations nucléaires, hydroélectriques, éoliennes et au gaz. Cette taxe pourrait principalement impacter EDF, du fait de son important parc nucléaire, avec une estimation de 2,7 milliards d’euros. D’autres grands producteurs comme Engie et TotalEnergies seraient également affectés, bien que dans une moindre mesure.
Réactions des acteurs du secteur
Les représentants des énergies renouvelables et d’autres acteurs du marché s’opposent fermement à cette mesure, arguant qu’elle pourrait freiner les investissements nécessaires pour la décarbonation et la sécurisation de l’approvisionnement énergétique. Mattias Vandelbulcke, directeur de la stratégie de France Renouvelables, affirme que « taxer les capacités de production installées envoie un signal négatif » pour les initiatives écologiques. De même, l’Union Française de l’Électricité (UFE) partage ces préoccupations, soulignant le risque d’une diminution des incitations à investir dans des technologies plus propres.
Impact financier sur EDF
EDF, confronté à une dette de 54,2 milliards d’euros, verrait sa trésorerie encore davantage sollicitée par cette nouvelle taxe. Le PDG d’EDF, Luc Rémont, a averti que la mise en œuvre de la Crim pourrait entraver les plans d’investissement du groupe, y compris le programme de relance nucléaire qui prévoit la construction de nouveaux réacteurs EPR2. Cette situation pourrait forcer EDF à envisager des options inédites, telles que le prélèvement de dividendes sur ses résultats, une première depuis 2016.
Position du gouvernement
Agnès Pannier-Runacher, ministre de l’Écologie et de l’Énergie, s’oppose à la Crim, affirmant qu’une taxe sur les énergéticiens risquerait d’être répercutée sur les factures des Français. Elle souligne l’importance de contrôler l’augmentation des prix de l’énergie, d’autant plus que les marchés montrent des signes de stabilisation. Le Premier ministre, Michel Barnier, a également indiqué que la baisse de l’inflation devrait se traduire par une réduction des coûts pour les consommateurs, sans nécessairement passer par une augmentation des taxes sur les producteurs d’énergie.
Perspectives et incertitudes
Depuis le printemps, des discussions entre le gouvernement et les acteurs de l’électricité ont eu lieu, mais aucune décision officielle n’a été prise. La Crim reste une option parmi d’autres pour atteindre les objectifs budgétaires, mais son adoption pourrait avoir des implications significatives pour le secteur énergétique français. Le débat se poursuit alors que le gouvernement tente de trouver un équilibre entre la nécessité de financer ses projets et la volonté de ne pas pénaliser les consommateurs ni les initiatives écologiques.