En plein cœur de Paris, Enedis, le gestionnaire du réseau de distribution d’électricité en France, a lancé un vaste chantier pour remplacer d’anciens câbles souterrains. Ces câbles, isolés avec du papier imprégné d’huile (CPI), sont en service depuis les années 1960 et sont désormais sensibles aux fortes chaleurs. « On anticipe le renouvellement de ces câbles pour assurer une meilleure résilience du réseau à Paris », déclare Olivier Lagnel, directeur régional délégué d’Enedis.
Un réseau électrique souterrain fragile
Paris est une ville particulière en matière de réseau électrique, car tous ses câbles sont enterrés. Cette spécificité, qui optimise l’espace en surface, protège le réseau contre les intempéries telles que le vent, mais le rend vulnérable face aux températures élevées. Actuellement, environ 1 590 kilomètres de câbles souterrains de moyenne tension à Paris, soit un tiers du réseau, sont encore de type CPI. Lors de la canicule de 2003, la vétusté de ces câbles avait conduit à un taux d’incidents multiplié par huit, selon un rapport de la Cour des comptes.
Vers un réseau résilient aux vagues de chaleur
Les câbles CPI ont été utilisés jusqu’en 1981 en France et dans d’autres grandes villes telles que Chicago, Londres et Tokyo. Ces câbles, constitués de plusieurs couches de papier enroulé autour d’un conducteur et imprégnés d’huile, sont capables de résister à des températures allant jusqu’à 90°C. Cependant, lors de canicules prolongées, la température des câbles peut atteindre 120-130°C, ce qui augmente les risques de « claquage » et d’incidents sur le réseau.
Un remplacement progressif mais accéléré
Depuis 2009, Enedis a entamé un programme de remplacement de ces câbles avec pour objectif de les supprimer totalement d’ici 2050. Actuellement, environ 700 kilomètres de câbles CPI sont remplacés chaque année à travers le pays, avec une accélération prévue dans les grandes agglomérations comme Marseille et Lyon. À Paris, 70 kilomètres de ces anciens câbles sont remplacés annuellement, soit l’équivalent de deux fois le tour du périphérique parisien.
Anticiper les futures vagues de chaleur
Les nouvelles installations utilisent des câbles à isolation synthétique, plus résistants aux hausses de température. Outre Paris, des villes comme Shanghai, Singapour et Sydney ont déjà initié des programmes similaires pour adapter leurs réseaux. L’enjeu pour ces métropoles est de sécuriser l’alimentation électrique face aux phénomènes climatiques extrêmes, et de préserver les infrastructures existantes, parfois âgées de plus de 50 ans.
Moderniser pour mieux prévenir
Le remplacement des câbles CPI s’accompagne également de la mise à jour des boîtes de jonction, des points de raccordement critiques pour la fiabilité du réseau. Ces composants, également sensibles à la chaleur, sont remplacés par des modèles plus récents et plus durables. En anticipant ces mises à jour, Enedis espère éviter des interruptions de service coûteuses, tout en assurant une distribution d’électricité stable et fiable pour les Parisiens.
Un chantier ambitieux et nécessaire
Ce chantier de modernisation à Montparnasse, l’un des quartiers les plus densément peuplés de la capitale, représente un investissement stratégique pour Enedis. Le gestionnaire souhaite que d’ici à 2050, le réseau parisien soit intégralement équipé de câbles à isolation synthétique, capables de résister aux épisodes climatiques extrêmes qui pourraient devenir la norme dans les décennies à venir.