Face à la polarisation entre les pro-nucléaire et les pro-renouvelables, le gouvernement français adopte une nouvelle approche pour mettre à jour sa programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE). Abandonnant le processus législatif habituel, il privilégie l’adoption par décret, jugée plus rapide et efficace. Cette décision, annoncée par le ministre de l’Industrie et de l’Énergie, Roland Lescure, répond à l’urgence de mettre à jour les objectifs énergétiques sans attendre l’aval parlementaire.
Objectifs énergétiques redéfinis
L’objectif du gouvernement est clair : augmenter significativement la production d’énergie tout en réduisant les émissions de carbone. Pour y parvenir, la France envisage d’augmenter sa production d’électricité de 450 à 650 TWh. Cette hausse implique un retour au niveau historique de production pour le parc nucléaire d’EDF et une multiplication par cinq de la production de gaz renouvelable d’ici 2035. Ces initiatives sont cruciales pour atteindre la neutralité carbone visée pour 2050.
Divergences et consultations publiques
La stratégie adoptée soulève des inquiétudes chez les défenseurs de l’environnement et suscite des débats sur l’efficacité de la démarche décrétale. Des organisations comme le Réseau Action Climat et Greenpeace critiquent le manque de débat parlementaire, voyant dans cette décision un dédain pour le pouvoir législatif. Néanmoins, une consultation publique est prévue pour recueillir l’avis des citoyens, essentielle pour légitimer le processus.
Vers un équilibre énergétique
L’accent mis sur la « neutralité technologique » reflète une volonté de ne pas privilégier une source d’énergie sur une autre mais de maximiser toutes les options disponibles pour atteindre les objectifs climatiques. Cette position stratégique, qui contraste avec la politique énergétique de certains voisins européens, notamment l’Allemagne, est conçue pour assurer une transition énergétique équilibrée et efficace.
Tout en avançant avec le décret pour la PPE, le gouvernement prévoit également de soumettre des aspects non couverts par le décret, comme la protection des consommateurs et la gestion des barrages hydroélectriques, au débat parlementaire. Cette approche mixte montre une tentative de maintenir un équilibre entre l’action rapide requise par les enjeux climatiques et le respect du processus démocratique.