L’adoption récente à l’Assemblée nationale française d’un moratoire suspendant immédiatement toute nouvelle installation d’éoliennes et de panneaux photovoltaïques a suscité de fortes réactions gouvernementales. La ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, a vivement critiqué cette mesure lors de l’émission politique Dimanche en politique, diffusée sur la chaîne France 3.
Risques pour l’indépendance énergétique
Selon la ministre, ce moratoire, porté par le groupe parlementaire Les Républicains (LR) avec l’appui du Rassemblement National (RN), pourrait remettre directement en cause près de 150 000 emplois liés aux énergies renouvelables en France. Elle souligne que la France dépend actuellement de fournisseurs étrangers pour son approvisionnement en gaz naturel et en pétrole, citant notamment la Russie, le Moyen-Orient et les États-Unis. Dans ce contexte, réduire le développement des renouvelables pourrait, d’après elle, aggraver cette dépendance.
Implications économiques et industrielles
La programmation énergétique française vise une diminution progressive de la part des énergies fossiles, qui devraient passer de 60 % à 42 % dans le mix énergétique national d’ici à 2030. Pannier-Runacher a rappelé à cette occasion l’importance stratégique du nucléaire couplé aux énergies renouvelables pour respecter ces objectifs. Selon les chiffres évoqués, le coût des éoliennes offshore serait comparable ou inférieur à celui du parc nucléaire existant, ce qui rend leur développement particulièrement sensible d’un point de vue industriel et économique. Le gouvernement redoute donc une incidence directe sur le pouvoir d’achat des Français.
Perspectives législatives incertaines
La proposition de loi, initiée par le sénateur LR Daniel Gremillet, doit encore être soumise à un vote en première lecture à l’Assemblée nationale, suivi d’une deuxième lecture prévue début juillet au Sénat, majoritairement acquis à la droite. Si la ministre n’a pas évoqué explicitement le retrait du texte, elle a cependant invité les parlementaires, notamment ceux du groupe LR, à agir avec responsabilité.
La suite des débats parlementaires sera observée de près par les acteurs industriels du secteur énergétique français, attentifs aux décisions législatives qui auront des conséquences immédiates sur les emplois et les investissements industriels en cours.