C’est dans une yourte traditionnelle qu’Emmanuel Macron a été reçu dimanche pour la première visite d’un président français en Mongolie, où il a promu un partenariat axé sur l’énergie avec ce pays enclavé entre la Chine et la Russie qui suscite l’intérêt des Occidentaux.
A sa descente d’avion à Oulan-Bator en fin d’après-midi, accueilli par une haie de la garde d’honneur mongole en tenue traditionnelle bleue, rouge et jaune, le président français a goûté comme le veut la coutume un fromage sec au lait de vache offert aux hôtes de marque. Sur la place Sukhbaatar, du nom du héros de l’indépendance mongole, Emmanuel Macron a ensuite passé les troupes en revue avec son homologue Ukhnaa Khurelsukh.
Le chef de l’Etat français fait étape en Mongolie pour une visite de quelques heures après avoir participé au sommet du G7 dans la ville japonaise d’Hiroshima dont le président ukrainien Volodomyr Zelensky a été l’invité vedette. Ce dernier était venu s’adresser aux dirigeants de pays non alignés comme le Brésil ou l’Inde, également conviés au G7. Depuis le début de l’invasion russe de l’Ukraine en février 2022, la France multiplie les efforts pour parler aux pays qui n’ont pas clairement condamné la guerre menée par Moscou.
La visite d’Etat, brève mais symbolique, en Mongolie s’inscrit dans ce contexte. Avec le président mongol, Emmanuel Macron a dit avoir « partagé » sa « détermination à soutenir un Etat agressé » et son « objectif d’un retour à la paix sur le continent européen dans les respect du droit international ». Il a salué la contribution d’Oulan-Bator « au système multilatéral sur lequel repose la sécurité internationale », même si Ukhnaa Khurelsukh s’en est lui tenu, dans sa déclaration devant la presse, à un vague plaidoyer en faveur du « maintien de la paix et de la sécurité dans le monde ».
Métaux critiques
La France ambitionne également de renforcer les liens bilatéraux en matière énergétique. Le président Macron a notamment défendu la cause du groupe nucléaire français Orano, déjà présent dans le pays et candidat à un projet d’extraction d’uranium d’envergure qui doit encore obtenir l’aval du gouvernement mongol — potentiellement l’une des plus mines importantes au monde. Il a assuré que le projet respecterait les « meilleurs standards en matière environnementale et sociale », alors que la société est souvent critiquée par des mouvements écologistes locaux.
« Le partenariat avec Orano est un élément structurant », « cela permettra donc d’extraire des métaux critiques extrêmement importants », a-t-il ajouté, évoquant sa quête de « souveraineté énergétique » pour la France. De son côté, Paris s’engage à faciliter le financement de la transition écologique de la Mongolie avec des coopérations sur les énergies renouvelables et le nucléaire. Ce pays semi-désertique, soumis à des températures extrêmes, est particulièrement vulnérable au changement climatique.
Qui plus est, explique-t-on côté français, il est dépendant à 90% du charbon pour son électricité et a donc besoin de décarboner son économie. Actuellement, 86% des exportations totales de la Mongolie, toutes marchandises confondues, ont la Chine pour destination. La moitié de ces achats chinois sont du charbon. « Le fait que la Mongolie soit sur le chemin du retour (d’Hiroshima, ndlr) nous permet de faire cette première historique » aux enjeux importants sur le « plan géostratégique », a-t-on expliqué dans l’entourage du président français.
« La Mongolie est un pays enclavé entre la Russie et la Chine, mais aussi un pays qui a un modèle de gouvernement qui est libéral, qui tient des élections, qui a connu des alternances, et qui par ailleurs cherche à diversifier ses partenariats pour être plus robuste et pouvoir traiter dans de meilleures conditions avec ses grands voisins russe et chinois », a-t-on souligné.
A Oulan-Bator, après son entretien avec son homologue sous une yourte installée à l’intérieur du palais présidentiel, Emmanuel Macron a participé à un dîner d’Etat au musée Gengis Khan, du nom du grand conquérant mongol du XIIIe siècle. L’institution va prêter une partie de sa collection au musée d’histoire de Nantes, dans l’ouest de la France, pour une exposition prévue en octobre. Le président français, qui doit regagner Paris en fin de soirée, a invité Ukhnaa Khurelsukh pour une visite d’Etat en octobre en France.