La centrale à charbon de Saint-Avold, située en Moselle, a redémarré ses opérations ce mardi, dans un contexte de tension énergétique et d’arrivée des températures hivernales. Cette relance, annoncée par l’exploitant GazelEnergie, intervient alors que se tient la conférence sur le climat COP29 à Bakou, attirant l’attention sur les contradictions des politiques énergétiques face aux enjeux climatiques.
Le site de Saint-Avold, l’un des deux derniers sites de production d’électricité à base de charbon en France, avait fermé en 2022 avant d’être temporairement rouvert en 2023 pour répondre aux besoins énergétiques nationaux. À nouveau sollicitée pour l’hiver, la centrale devrait, selon les prévisions de GazelEnergie, fonctionner en moyenne une vingtaine de jours cette année, en cas de pic de demande.
Une activité temporaire en attendant la reconversion
La centrale emploie une centaine de salariés et collabore avec plus de 150 sous-traitants pour assurer ses opérations ponctuelles. Le gouvernement a confirmé que cette activité est prévue pour répondre aux besoins spécifiques d’hiver, avec l’objectif d’abandonner définitivement le charbon d’ici à 2027. Cependant, l’avenir du site soulève des débats : si la reconversion est au programme, le projet reste en discussion.
Deux options principales sont envisagées pour la reconversion de la centrale : une transition vers la biomasse et la mise en place d’une infrastructure gazière. La ministre déléguée à l’Énergie, Olga Givernet, a exprimé des réserves sur l’option gazière, soulignant que la France doit se tourner vers des énergies décarbonées pour assurer sa transition énergétique. Bien que le gaz naturel soit moins polluant que le charbon, il ne répond pas aux critères d’énergie neutre en carbone. Pour elle, seule une transition vers le biogaz ou la biomasse pourrait répondre aux exigences environnementales actuelles.
Une reconversion controversée
Malgré le soutien partiel du gouvernement, le projet de reconversion vers le gaz de Saint-Avold rencontre une certaine opposition. Thomas About, représentant syndical de la CFDT à la centrale, défend fermement le projet gazier, insistant sur le fait que le dossier est solide et qu’un retard dans les décisions de reconversion entraînera davantage de recours au charbon. Selon lui, toute procrastination gouvernementale pourrait non seulement prolonger l’utilisation du charbon, mais également compromettre la stabilité des emplois sur le site.
Les syndicats ont mis en place des préavis de grève, appelant à des réponses claires sur la transition du site. Les employés soulignent le risque de fermeture sans alternative viable d’ici 2027, ce qui pourrait non seulement entraîner des suppressions de postes, mais également une perte de compétences et de ressources pour la région.
Une situation énergétique complexe
Avec cette reprise, la France se retrouve face à une situation paradoxale : alors que des engagements forts sont pris pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, des infrastructures à base de charbon sont remises en service pour assurer la stabilité de l’approvisionnement énergétique. L’autre site français de production d’électricité à base de charbon, situé à Cordemais en Loire-Atlantique, est également programmé pour fermer en 2027, mais sans projet de reconversion annoncé, accentuant la pression sur les décisions politiques pour l’avenir énergétique du pays.
Les choix à venir pour le site de Saint-Avold auront des répercussions importantes sur les objectifs de décarbonation de la France et sur l’avenir des régions impliquées. En fonction des orientations prises, la centrale pourrait devenir un modèle de transition vers des énergies plus propres ou, au contraire, être un symbole des difficultés à abandonner le charbon dans un contexte de forte demande énergétique.