L’avenir énergétique français est un enjeu majeur des élections présidentielles qui doivent débuter ce dimanche. En effet, la transition énergétique est un objectif mondial, et le contexte de l’invasion de l’Ukraine a renforcé cette priorité.
Un contexte particulier
L’élection a été éclipsée par la hausse des coûts de l’énergie et une panne sans précédent des réacteurs français. Ces événements ont incité le gouvernement à geler les factures d’électricité et de gaz. La France est devenue le marché de l’électricité le plus cher d’Europe. En effet, le parc nucléaire d’EDF a sous-performé ces dernières semaines. Selon les données de la bourse, les prix moyens étaient autour de 226 €/MWh pour les deux trimestres d’hiver.
En matière de politique nucléaire, le président Macron était déjà revenu sur une loi pour laquelle il avait fait campagne en 2017. Elle prévoyait de réduire la part de nucléaire dans le mix électrique à 50 % d’ici 2025. De plus, dans un discours de février, Emmanuel Macron s’est engagé à retarder davantage la fermeture de réacteurs à partir de 2028. Il a également annoncé vouloir construire six nouveaux réacteurs d’une capacité totale de 10 GW.
Une volonté de s’orienter vers le nucléaire
Dans un récent discours, M. Macron a déclaré sa volonté de nationaliser les secteurs stratégiques de l’énergie. Le nouveau gouvernement devra prendre une décision sur la structure d’EDF. Une scission a été évoquée pour garantir la propriété de l’État sur un segment nucléaire. Cela permettrait, d’autre part, de libérer les énergies renouvelables pour les investissements privés. Cependant, les syndicats de travailleurs semblent opposés à cette solution.
Un analyste chez S&P Global Commodity Inisghts s’est exprimé sur ses prévisions à long terme pour l’énergie européenne :
« Le soutien politique généralisé à la capacité nucléaire nouvelle et existante et l’inclusion du nucléaire dans la législation européenne sur la taxonomie, plutôt que l’invasion de l’Ukraine par la Russie, a façonné les ambitions de la France de construire davantage de réacteurs ».
De plus, dans son manifeste, le président Macron a exprimé sa volonté de faire de la France la « première grande nation à éliminer progressivement les combustibles fossiles ». Pour ce faire, il compte principalement sur le nucléaire, qui permettra de dynamiser cette transition énergétique. Par ailleurs, la plupart des candidats à l’élection son favorables au nucléaire à l’exception de M. Jadot, le candidat pour l’écologie.
En pariant massivement sur les réacteurs de nouvelle génération, la France devrait maintenir ses réacteurs existants en fonctionnement. EDF sera chargé de mettre en œuvre cette « renaissance nucléaire ». La firme est cependant d’ores et déjà confrontée à des difficultés pour prolonger la durée de vie de certains réacteurs existants.
Des avis divisés sur les énergies renouvelables en France
La production d’énergie renouvelable a maintes fois été évoquée par les candidats à l’élection présidentielle. Le manifeste de Macron met ainsi l’accent sur une multiplication par dix de l’énergie solaire et sur 50 parcs éoliens offshore d’ici 2050. Toutefois, ces avis ne sont pas partagés par l’ensemble des candidats, notamment concernant l’éolien terrestre.
À titre d’exemple, Marine Le Pen et Eric Zemmour y sont farouchement opposés. Ils se sont en effet tous deux engagés à stopper le développement de l’éolien terrestre et démanteler les turbines existantes. Toutefois, ce secteur est fortement soutenu par Yannick Jadot. Il souhaite construire 3 000 nouvelles turbines terrestres d’ici 2027. Afin de s’adapter à l’opinion publique, M. Macron a déplacé ses objectifs en matière d’éolien terrestre. Il vise désormais des objectifs plus ambitieux en matière d’éolien offshore.
Il faut tout de même souligner que l’enthousiasme autour des énergies renouvelables est plutôt faible en France. Un récent sondage a classé les préoccupations liées au changement climatique derrière celles relatives au coût de la vie et au système de santé.