Les professionnels de l’énergie et de la mobilité électrique observent avec préoccupation une complexité croissante dans la tarification des bornes de recharge ultra-rapides en France. Bien que plus de 14 000 bornes aient été déployées, les utilisateurs sont confrontés à des coûts fluctuants et difficilement compréhensibles. Le manque de transparence dans la tarification nuit à l’adoption des véhicules électriques, un enjeu crucial pour le secteur.
Le prix moyen d’une recharge ultra-rapide, établi à 21,35 euros pour 40 kWh au premier semestre 2024, dissimule une réalité plus complexe. Les opérateurs appliquent des méthodes de facturation variées, combinant parfois tarification au kilowattheure et à la minute. Cette diversité de modèles tarifaires crée une grande variabilité des coûts, qui peuvent atteindre 26,40 euros pour une même recharge, selon les conditions spécifiques d’utilisation.
Une régulation nécessaire pour standardiser les pratiques
L’Autorité de la concurrence a mis en lumière un problème d’information critique pour les utilisateurs, qui ont du mal à comparer les tarifs avant ou après leur recharge. Pour remédier à cette situation, l’Autorité propose d’imposer une tarification au kilowattheure, indépendamment du temps passé à la borne, et d’exiger des opérateurs une mise à jour en temps réel des prix. Ces recommandations visent à établir une norme qui faciliterait l’accès aux informations nécessaires pour les consommateurs et les professionnels du secteur.
Le besoin de transparence devient d’autant plus pressant que le marché continue de croître. Une uniformisation des pratiques tarifaires pourrait non seulement réduire les barrières à l’électrification du parc automobile, mais aussi améliorer la compétitivité des différents acteurs en offrant des bases de comparaison claires et précises.
Impact des coûts sur les autoroutes : une entrave à la transition
Les autoroutes représentent un cas particulier où la tarification des recharges pose des défis significatifs. Selon TotalEnergies, le coût moyen d’une recharge sur ces axes atteint 19,75 euros pour 100 kilomètres, soit un montant souvent supérieur à celui des véhicules thermiques. Cette différence s’explique principalement par les coûts élevés de construction et de maintenance des bornes, ainsi que par les commissions prélevées par les sociétés d’autoroutes, pouvant atteindre 18 % du chiffre d’affaires généré par la recharge.
Ces commissions, largement supérieures à celles appliquées aux carburants traditionnels, alourdissent le prix final pour l’utilisateur. L’Autorité de régulation des transports (ART) a souligné ce point comme un obstacle majeur à la croissance du marché des véhicules électriques. Pour surmonter ces difficultés, une révision des modèles d’appel d’offres pour l’installation de bornes pourrait être nécessaire, afin de réduire les coûts et d’encourager une concurrence plus saine entre les opérateurs.
Les acteurs du secteur doivent impérativement se pencher sur ces enjeux pour éviter que la tarification actuelle ne freine la progression des véhicules électriques. La nécessité d’une régulation accrue et d’une plus grande transparence dans les coûts de recharge s’impose comme une priorité pour soutenir l’essor des infrastructures de recharge et favoriser une adoption plus large des technologies électriques.