Les flux de gaz naturel liquéfié (GNL) en provenance des États-Unis ont enregistré une réorientation stratégique en novembre, avec une majorité des cargaisons destinées à l’Europe. Sur un total de 110 expéditions, 62 ont été livrées à l’Europe et à la Turquie, représentant 56 % des exportations américaines pour le mois, selon une analyse de S&P Global Commodity Insights.
Concentration des livraisons sur la France et les Pays-Bas
La France et les Pays-Bas ont reçu chacun 11 cargaisons, soit la part la plus importante. Ces deux pays, grâce à leurs capacités de regazéification et leurs infrastructures d’interconnexion, jouent un rôle clé dans la redistribution du GNL vers d’autres marchés ou pour un usage domestique.
Ces livraisons dépassent celles adressées à d’autres grands importateurs comme l’Inde, la Turquie et le Royaume-Uni, qui ont chacun accueilli huit cargaisons. Notamment, la Turquie a réceptionné ses premiers chargements de GNL américain depuis mai, marquant un retour après plusieurs mois d’absence.
Les facteurs influençant la redirection des flux
Plusieurs raisons expliquent cette augmentation des expéditions vers l’Europe :
– Conditions hivernales : Le froid précoce a conduit à une baisse des niveaux de stockage, passant de 95 % à 85 % sur le mois de novembre.
– Prix compétitifs : En dépit d’une demande asiatique modérée, les faibles coûts de transport et la flexibilité des cargaisons américaines ont rendu ces livraisons économiquement avantageuses pour l’Europe.
– Contexte géopolitique : Les tensions persistantes entre la Russie et l’Ukraine augmentent la dépendance de l’Europe aux alternatives énergétiques comme le GNL américain.
Impact sur les marchés européens
Les prix spot du GNL en Europe ont atteint des sommets, soutenus par une demande accrue et la baisse des stocks. Le 21 novembre, le prix pour les cargaisons livrées dans le nord-ouest de l’Europe a été évalué à 14,80 $/MMBtu, un record annuel selon Platts.
Cette situation reflète également des retards dans la mise en service de nouvelles capacités de liquéfaction aux États-Unis, notamment celles de Plaquemines LNG en Louisiane et l’expansion de Corpus Christi au Texas. Bien que ces projets visent à accroître l’offre à court terme, leur démarrage effectif reste incertain.
Équilibre mondial et perspectives
Malgré des opportunités d’arbitrage limitées avec l’Asie, le GNL américain continue de jouer un rôle central dans la stabilisation des approvisionnements énergétiques mondiaux. En novembre, les cargaisons vers l’Asie-Pacifique ont diminué à 29, contre 45 en octobre, alors que la demande en Europe restait forte.
Avec la fin anticipée du transit gazier entre la Russie et l’Ukraine en 2025, les acheteurs européens cherchent à renforcer leur sécurité énergétique. Dans ce contexte, le GNL américain devrait conserver une place stratégique, à condition que des investissements dans l’infrastructure de liquéfaction et de transport soient maintenus.