À Ergué-Gabéric, un village du Finistère, une équipe d’ouvriers s’active pour enfouir sous terre les derniers mètres d’un câble électrique. Cette opération, menée par Enedis, le principal gestionnaire du réseau électrique en France, symbolise les mesures mises en place pour adapter le réseau aux conséquences du changement climatique. Dans cette région fréquemment frappée par les tempêtes, comme la dévastatrice tempête Ciaran survenue l’année précédente, la modernisation des infrastructures électriques est devenue une priorité.
L’entreprise procède à l’enfouissement de 1 100 kilomètres de câbles en Bretagne, remplaçant les lignes aériennes vulnérables aux chutes d’arbres par des installations souterraines, mieux protégées des intempéries. Cette démarche vise à limiter les coupures de courant et à assurer une meilleure résilience pour les foyers et entreprises bretons, dans le cadre d’un vaste programme de rénovation du réseau breton.
Un réseau renforcé face aux défis climatiques
La tempête Ciaran avait privé d’électricité plus d’un million de foyers en Bretagne, mettant en lumière la nécessité de rendre le réseau plus résistant aux événements climatiques extrêmes. Pour répondre à l’intensification de ces phénomènes, Enedis a lancé un plan spécifique pour la région, incluant la reconstruction et l’adaptation de 2 000 kilomètres de lignes électriques sur cinq ans. « Les aléas climatiques augmentent et deviennent plus localisés, il nous faut donc agir rapidement », souligne Hervé Champenois, directeur technique d’Enedis.
Selon Pierre-Olivier Courtois, responsable du plan « Reconstruction Bretagne », les tempêtes et les chutes d’arbres posent des risques majeurs pour les câbles aériens. Enedis prévoit également de moderniser 3 500 kilomètres de lignes en Bretagne entre 2025 et 2029, un projet d’une valeur estimée à 390 millions d’euros.
Un coût élevé mais un investissement durable
L’enfouissement des câbles garantit une meilleure résilience, mais représente un coût cinq fois supérieur à celui de la rénovation des lignes aériennes. Enedis concentre donc cette méthode sur les zones où les risques liés aux arbres et aux tempêtes sont les plus élevés. Pour les lignes de basse tension, qui alimentent directement les foyers, l’entreprise remplace les anciens « fils nus » en cuivre par des câbles torsadés en aluminium, protégés par une gaine plastique. Ce type de câble, appelé « torsadé », résiste mieux aux intempéries et permet de maintenir l’alimentation électrique même en cas de chute.
Le Plan national d’adaptation au changement climatique (PNACC-3), récemment présenté par le gouvernement, préconise ce type de mesures pour sécuriser les infrastructures face à un climat en évolution. Enedis consacre environ 1,3 milliard d’euros chaque année à l’adaptation du réseau, un investissement qui représente un quart de son plan global de 96 milliards d’euros jusqu’en 2040.
Une course contre la montre pour Enedis
Le chantier breton symbolise une « course contre la montre » pour Enedis et ses équipes. Chaque tempête met à l’épreuve la résilience du réseau, rappelant l’importance d’investir dans des solutions durables et innovantes. Les câbles torsadés, installés sur 1 400 kilomètres de lignes existantes, facilitent les réparations en cas de dégâts, permettant ainsi de réduire la durée des coupures de courant.
Les événements climatiques en Bretagne s’inscrivent dans un contexte plus large pour Enedis, qui doit également faire face à des inondations dans d’autres régions françaises et à des épisodes de canicules urbaines. En modernisant ses infrastructures, Enedis répond non seulement aux défis posés par le changement climatique, mais aussi aux attentes d’une population de plus en plus dépendante d’un réseau électrique fiable.