Dans un contexte énergétique perturbé ces dernières années, marqué par la guerre en Ukraine qui a entraîné des tensions sur les approvisionnements en gaz, et les nombreux réacteurs nucléaires à l’arrêt en France, la vieille centrale à charbon Émile-Huchet de Saint-Avold a dû être remise en service pour assurer la sécurité d’approvisionnement électrique, notamment lors des pics de consommation hivernaux. Le charbon, délaissé ces dernières années en France, apparaît effectivement comme une alternative nécessaire pour les pays européens. Mais cette centrale, grande émettrice de CO2, était initialement condamnée à fermer en raison de son impact environnemental néfaste.
Incertitudes et inquiétudes des salariés
C’est dans ce cadre mouvementé que le président Macron avait annoncé en septembre 2023 la fermeture définitive des deux dernières centrales à charbon françaises d’ici 2027, dont celle de Saint-Avold, avec une conversion prévue vers la biomasse. Mais malgré ces annonces présidentielles, les quelque 150 salariés de l’exploitant GazelEnergie sur le site restent dans l’incertitude la plus totale sur leur avenir professionnel. Un projet de reconversion vers une usine de production d’hydrogène renouvelable et bas carbone devait permettre d’assurer une transition, mais il semble bloqué au niveau du ministère de l’Économie, qui freine sur son volet européen visant à alimenter l’aciériste allemand SHS. « Le dialogue est rompu avec GazelEnergie sur ce dossier », déplore un représentant syndical.
Appel des élus pour une feuille de route
Face à cette impasse, plusieurs centaines d’élus locaux ont donc décidé d’interpeller directement Emmanuel Macron par courrier pour réclamer « une feuille de route claire » sur l’avenir de la centrale mosellane. « Depuis des mois, le gouvernement tergiverse, mais il y a désormais urgence », insistent ces parlementaires et maires, évoquant la « situation préoccupante » des salariés et sous-traitants. Ils demandent la mise en oeuvre concrète des « engagements présidentiels de décarbonation » vers la biomasse d’ici 2027.
Mouvement social et blocage du site
Excédés par l’absence de perspectives, les employés de la centrale ont décidé de passer à l’action en bloquant le site et ses accès mardi après-midi à l’issue d’une assemblée générale houleuse. Un feu de palettes et de pneus a été allumé. « Il n’y a rien qui bouge, on ne va pas se laisser mourir comme ça », lancent des représentants syndicaux, qui réclament la venue « au plus vite » du ministre de l’Industrie avec « du concret ». Un préavis de grève reconductible de 6 mois a par ailleurs été déposé fin avril, illustrant la colère mais aussi l’inquiétude des salariés qui craignent pour leur avenir à long terme si le site venait à fermer sans solution de reconversion viable.