L’industrie chimique européenne, englobant les produits parapétroliers et pharmaceutiques, est confrontée à un risque de contraction majeur, en raison de la détérioration des relations commerciales internationales. France Chimie, qui représente 4 000 entreprises du secteur en France, a déclaré que 47 sites industriels sont directement menacés sur le territoire national, et que jusqu’à 350 installations pourraient disparaître dans l’ensemble de l’Union européenne. Cette estimation repose sur les effets cumulatifs d’une guerre commerciale entre la Chine et les États-Unis, exacerbée par des surcapacités mondiales et des conditions de production plus coûteuses en Europe.
Conséquences d’une pression tarifaire accrue
Selon Frédéric Gauchet, président de France Chimie, les récentes hausses tarifaires imposées par Pékin et Washington poussent les producteurs de ces deux pays à réorienter leurs marchandises vers le marché européen, provoquant un afflux potentiel de produits à bas prix. L’organisation estime que 10 à 20 milliards d’euros de produits chimiques chinois et 5 à 10 milliards de dollars américains pourraient ainsi pénétrer le marché européen, où les droits de douane ne dépassent pas 3 %. Cette redistribution des flux commerciaux pourrait provoquer une intensification du dumping, notamment sur les produits de base comme le plastique PVC, touché à la fois par les pratiques des États-Unis et de l’Égypte.
Sites en amont et emploi en péril
Le secteur le plus exposé est celui des produits chimiques de base, souvent à forte intensité énergétique. Frédéric Gauchet a évoqué la possible disparition de la production d’acide nitrique en Europe, si aucune action correctrice n’est entreprise. France Chimie estime que la compétitivité des sites européens est affaiblie par une conjonction de coûts énergétiques élevés, de contraintes réglementaires lourdes et d’une fiscalité jugée pénalisante. L’association projette entre 150 000 et 200 000 suppressions d’emplois dans le secteur chimique à l’échelle européenne, dont 15 000 à 20 000 en France.
Un appel à un plan d’urgence industriel
France Chimie appelle à la mise en œuvre d’un plan d’urgence européen pour préserver les capacités de production du continent. L’organisation souligne que la situation actuelle n’est pas uniquement conjoncturelle mais résulte d’une accumulation de fragilités structurelles, accentuées par les investissements massifs de la Chine dans des installations modernes et peu coûteuses. Ces dernières bénéficient par ailleurs d’un approvisionnement facilité en matières premières, notamment en provenance de Russie, dans le contexte du conflit en Ukraine.