Face à une commission d’enquête du Sénat, Bruno Le Maire a exprimé une prudence mesurée concernant les ambitions de la France en matière de construction de réacteurs nucléaires EPR2. Cette position marque une réflexion sur les capacités actuelles et futures de la filière nucléaire française, mise à l’épreuve par des défis techniques et industriels de grande envergure. Néanmoins, le secteur privé s’investit davantage dans le domaine, à l’image de TotalEnergies.
Les Défis de la Reconstruction de la Filière Nucléaire
Le ministre a insisté sur « l’ampleur gigantesque » du chantier que représentent les six nouveaux EPR2 annoncés par le président Emmanuel Macron en février 2022. Il a rappelé que la filière a traversé des périodes tumultueuses, marquées par des pertes de compétences significatives et des critiques récurrentes. Ce contexte impose une nécessaire reconstruction, tant sur le plan de l’ingénierie civile que sur les aspects technologiques.
EDF, acteur principal de cette relance nucléaire, a récemment franchi une étape cruciale avec le réacteur EPR de Flamanville, dont le chargement du combustible vient de s’achever. Cependant, ce projet a accumulé douze ans de retard, illustrant les difficultés inhérentes à ces chantiers.
Une Capacité d’Absorption Limitée
Bruno Le Maire a précisé que six EPR2 représentent « une quantité raisonnable d’absorption par notre industrie nucléaire ». Il a conditionné la possibilité de construire huit réacteurs supplémentaires à la démonstration par EDF de sa capacité à mener à bien les premiers projets dans les délais et coûts impartis. Cette position tempère les ambitions initiales, tout en laissant une porte ouverte à une expansion future conditionnée par des résultats probants.
Premiers Travaux Préparatoires à Penly
Le gouvernement a récemment donné son feu vert à EDF pour débuter les travaux préparatoires des deux futurs réacteurs EPR2 à Penly (Seine-Maritime). Cette décision, officialisée par un décret du 3 juin, marque une avancée concrète vers la réalisation des objectifs fixés par Emmanuel Macron. Toutefois, le ministre a souligné l’importance de suivre de près l’avancement de ces projets pour évaluer la capacité de la filière à répondre aux attentes.
Perspectives et Réflexions
Le futur de l’énergie nucléaire en France reste donc suspendu à une démonstration de fiabilité et d’efficacité par EDF. La prudence de Bruno Le Maire reflète une volonté de garantir que les projets engagés soient réalisables et bénéfiques pour la filière et le pays. Cette approche pragmatique vise à sécuriser les investissements et à assurer une montée en compétence progressive.
En récapitulatif, la construction de nouveaux réacteurs nucléaires en France est un défi industriel majeur, nécessitant une reconstruction solide de la filière et une démonstration de capacité par EDF. Le soutien gouvernemental est conditionné à ces preuves de réussite, offrant une perspective mesurée mais ambitieuse pour l’avenir du nucléaire en France.