Les forêts françaises, jadis robustes puits de carbone, montrent des signes d’essoufflement dans leur capacité à séquestrer le CO2, une fonction écologique cruciale pour limiter le réchauffement climatique. Une étude de l’Institut national de l’information géographique et forestière (IGN) et de l’Institut technologique FCBA met en lumière que, malgré des scénarios variés, la tendance générale est à la baisse de cette capacité de stockage pour la période 2020-2050.
Détails de l’étude et scénarios envisagés
L’étude examine différents scénarios qui prennent en compte le niveau de récolte du bois, les initiatives de reforestation massive, et l’impact du changement climatique. Elle présente une variation considérable dans la séquestration du carbone, allant de 40 millions de tonnes d’équivalent CO2 par an dans un scénario optimiste à seulement 3 MtCO2e/an dans le plus pessimiste. Ces résultats soulignent la vulnérabilité des forêts face aux surexploitations et aux menaces climatiques croissantes, comme les incendies, les infestations et les sécheresses.
Implications et actions gouvernementales
Les fluctuations dans la capacité de stockage de carbone des forêts françaises posent un défi majeur pour les politiques publiques de gestion forestière. L’étude oriente vers une gestion plus prudente et adaptative des forêts, tout en signalant que certaines années, les forêts pourraient devenir des sources nettes de carbone, renversant leur rôle actuel de puits de carbone. Le gouvernement a mis en place un plan ambitieux de planter un milliard d’arbres d’ici 2032, mais les effets substantiels de ce projet ne seront visibles qu’après 2050, et dépendront de l’efficacité de la sélection des sites de plantation et de la réussite de ces plantations.
Conséquences économiques et sur la production forestière
L’étude prédit également un impact sur la production forestière, avec une baisse potentielle de 25% d’ici 2050, tandis que la mortalité des arbres pourrait augmenter de 77% par rapport à aujourd’hui. Ces prévisions sont alarmantes pour l’industrie du bois. Le secteur pourrait faire face à des tensions accrues avec une hausse des demandes d’environ 16% hors bois énergie et 14% avec bois énergie entre 2019 et 2050. En particulier pour le bois d’œuvre résineux, en raison de l’augmentation de la demande projetée.
Les forêts françaises sont à un carrefour, confrontées à des défis sans précédent exacerbés par le changement climatique. Alors que l’étude fournit des orientations claires pour l’avenir, elle met en lumière la nécessité d’une action gouvernementale coordonnée et d’initiatives de gestion forestière adaptées aux réalités du XXIe siècle.