Le gouvernement français a annoncé mardi son intention d’accélérer la mise à disposition de carburants renouvelables pour décarboner l’aviation. Cette initiative survient en réponse aux pressions réglementaires européennes et aux investissements massifs dans le secteur par les Américains.
Des objectifs ambitieux
Les pouvoirs publics ont annoncé des objectifs ambitieux pour réduire les émissions de CO2 de l’aviation. En effet, la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, a rappelé que le gouvernement visait 2% d’incorporation de carburants d’aviation renouvelables (SAF) dans les réservoirs des aéronefs en 2025, 5% en 2030 et 50% en 2050. Ces objectifs pourraient être encore durcis par l’Union européenne.
Une « task force » pour accélérer la mise en place d’une filière de ces carburants
Pour atteindre ces objectifs ambitieux, le gouvernement français a annoncé la création d’une « task force » composée d’énergéticiens, de chercheurs, de constructeurs aéronautiques, de compagnies aériennes et de gestionnaires d’aéroports. Cette équipe resserrée devra élaborer une feuille de route très concrète, crédible, avec des jalons intermédiaires afin d’accélérer la mise en place d’une filière de ces carburants, élaborés à partir d’huiles usagées ou de biomasse (résidus végétaux), par exemple. Cette feuille de route devra être présentée d’ici juin 2023, à l’occasion du Salon international de l’aéronautique et de l’espace au Bourget, grand-messe biennale du secteur.
Des enjeux de compétitivité et de souveraineté
Le ministre délégué aux Transports, Clément Beaune, a plaidé en faveur de l’accélération de la mise à disposition de carburants renouvelables pour des raisons de compétitivité et de souveraineté. En effet, faute de pouvoir les produire en France, les SAF seraient massivement importés de pays tiers, notamment des États-Unis, qui ont mis en place de puissantes incitations fiscales pour en développer la production.
Des défis de taille à relever
Cependant, pour atteindre les objectifs ambitieux du gouvernement français, les compagnies aériennes devront compter à 65% sur l’utilisation de SAF. Or, la production actuelle est bien inférieure aux quantités nécessaires pour répondre à la demande. L’aviation mondiale consommerait 450 milliards de litres de SAF par an d’ici le milieu du siècle, soit 1 500 fois plus que ce qui a été produit l’année dernière. Il est donc impératif de créer des filières de production à grande échelle pour faire baisser les prix des SAF. Les objectifs fixés par le gouvernement français sont ambitieux, mais les fédérations du secteur aérien estiment qu’il est possible d’y parvenir grâce à l’adoption de technologies innovantes et à une utilisation accrue des carburants renouvelables.