Un large débat public s’ouvre jeudi pour trois mois sur un projet de traitement de l’eau en Ile-de-France, l’occasion pour tous les Français de s’exprimer sur l’eau, son usage et sa préservation, souligne la présidente de la Commission nationale du débat public (CNDP).
La CNDP a été saisie par le Sedif, premier syndicat des eaux de France (133 communes autour de Paris), pour organiser le débat obligatoire sur son vaste projet de traitement de l’eau. Le Syndicat des eaux d’Ile-de-France (Sedif) souhaite installer une nouvelle technique de filtration, à quelque 870 millions d’euros, dans ses trois principales usines d’eau potable, qui alimentent plus de 4 millions d’usagers.
Ce débat ne concerne pas juste les Franciliens, souligne Ilaria Casillo, présidente par intérim de la CNDP, l’autorité indépendante chargée par la loi d’organiser les débats sur les projets à fort impact environnemental. « Tout débat public est ouvert à toutes et tous. Sur ce sujet précis, qui dit que ce projet, qui est coûteux et n’est pas sans impact, ne sera pas appliqué à d’autres usines? » explique-t-elle à l’AFP. « Comment gouverne-t-on l’eau? Comment est-elle contrôlée? Pourquoi achète-t-on de l’eau en bouteille? En cette période où le sujet de l’eau suscite de vives préoccupations, et des contestations, c’est le moment de lancer un débat qu’on espère pilote », dit-elle.
Parmi les sujets prévus, l’impact du réchauffement sur la ressource, et les effets sur la facture. Le sujet brûlant des mégabassines n’est pas sur la liste, mais « je pense qu’il viendra. Spontanément le public aura envie d’élargir le débat. Il n’y a aucun tabou. Si ces questions viennent, on les traitera », précise Mme Casillo.
En Ile-de-France le débat donnera lieu à des réunions sur le site des trois usines du Sedif. Des stands de la CNDP seront montés le week-end au pied des immeubles, sur les marchés, en bord de rivières… Le Sedif, présidé depuis 1983 par André Santini, veut équiper ses sites d’une technologie de filtration par membranes « haute performance », pour fournir une eau débarrassée d’un maximum de micropolluants, « sans chlore » et « sans calcaire ».
Mais le projet augmentera la consommation électrique des usines, et le prix de l’eau (de 36 à 48 euros par an par foyer). Il implique aussi une augmentation du prélèvement d’eau (d’environ 15%) et le rejet dans le milieu naturel des matières retenues par la filtration. Le Sedif doit renouveler la délégation de service public, confiée jusqu’ici à Veolia depuis cent ans. La future concession doit entrer en vigueur au 1er janvier 2025, un contrat de quatre milliards d’euros sur 12 ans.