La zone industrialo-portuaire de Fos-sur-Mer, qui s’étend sur 9 000 hectares, représente l’un des plus grands pôles industriels français. Depuis six décennies, le site concentre des industries lourdes, contribuant à hauteur de 17 millions de tonnes de CO2 par an, soit un quart des émissions industrielles nationales. En janvier 2023, le gouvernement a désigné Fos-sur-Mer comme l’une des premières « zones industrielles bas carbone » du pays, aux côtés de Dunkerque, ouvrant la voie à des investissements massifs dans la transition énergétique.
Un potentiel d’investissements estimé à 15 milliards d’euros
Les autorités locales et les acteurs économiques misent sur une dynamique de réindustrialisation articulée autour des énergies renouvelables, des carburants durables et d’une aciérie décarbonée. Selon Jean-Claude Chauvin, président de la Chambre de commerce et d’industrie Aix-Marseille-Provence, les projets en cours pourraient représenter entre 12 et 15 milliards d’euros d’investissements pour de nouvelles installations, et 3 à 5 milliards d’euros pour la transformation des infrastructures existantes. À terme, ces projets pourraient générer 10 000 emplois directs.
Des freins à la mise en œuvre
Malgré ces perspectives, la mise en œuvre des projets se heurte à des obstacles structurels. ArcelorMittal, principal employeur de la zone avec 2 500 salariés, a suspendu fin 2024 ses initiatives de décarbonation en Europe, faute d’un cadre de soutien suffisant. De manière plus générale, le financement des infrastructures nécessaires au développement du site, notamment le transport ferroviaire et routier, reste en suspens. Avec une voie ferrée unique et une seule route départementale, les industriels réclament des investissements d’environ 2 milliards d’euros pour améliorer la logistique.
Un besoin croissant en électricité
La transition énergétique de la zone nécessitera une hausse significative de la consommation électrique. La demande pourrait doubler d’ici 2030 pour alimenter les nouveaux projets industriels, en particulier la production d’hydrogène. Toutefois, l’infrastructure électrique actuelle ne permet pas de répondre à ces besoins. Une ligne à très haute tension (THT) est prévue d’ici 2028 pour acheminer l’énergie nécessaire, mais son tracé, traversant une partie de la Camargue, suscite des oppositions locales.
Une gouvernance à structurer
Face à ces défis, les industriels et les acteurs publics plaident pour une gouvernance spécifique afin d’accélérer la mise en œuvre des projets et sécuriser les financements. Un débat public, organisé par la Commission nationale du débat public (CNDP), est prévu au printemps pour examiner les implications économiques et environnementales des initiatives en cours.
Le président de la Chambre de commerce et d’industrie Aix-Marseille-Provence insiste sur l’importance d’une action rapide : « Il faut qu’on passe des projets à la réalisation, qu’on passe du potentiel à la vraie vie ! »