La société énergétique finlandaise Fortum Oyj a annoncé la sélection de deux fournisseurs de réacteurs conventionnels et un développeur de petit réacteur modulaire (SMR) pour la phase suivante de ses discussions sur un potentiel projet de nouvelle construction nucléaire en Finlande et en Suède. Cette décision intervient à l’issue d’une étude de faisabilité lancée en octobre 2022, visant à évaluer les conditions commerciales, technologiques et sociétales nécessaires à l’ajout de nouvelles capacités nucléaires dans les pays nordiques.
Les trois fournisseurs retenus sont Electricité de France (EDF) avec sa technologie EPR, le consortium Westinghouse-Hyundai proposant l’AP1000, ainsi que GE-Hitachi avec le SMR BWRX-300. Fortum prévoit de collaborer étroitement avec ces partenaires technologiques afin de limiter les risques liés à la conception et à l’exécution du projet, en se concentrant notamment sur la maturité technologique, les exigences réglementaires locales et les capacités techniques des fournisseurs dès la phase pré-investissement.
Des conditions de marché encore incertaines
Fortum a indiqué que l’étude de faisabilité a permis de conclure que, dans les conditions actuelles du marché de l’électricité, un projet nucléaire ne serait pas économiquement viable sans mécanismes de partage des risques. L’entreprise souligne que des cadres de soutien, comme celui actuellement en développement en Suède, pourraient rendre ces projets gérables, à condition qu’ils soient adossés à une demande accrue et stable de la part des clients industriels.
L’augmentation attendue de la consommation d’électricité dans la région, potentiellement doublée d’ici 2050, est attribuée à l’électrification croissante des industries et des sociétés. Fortum affirme que le recours exclusif aux énergies renouvelables intermittentes pourrait engendrer une volatilité du système électrique, et considère le nucléaire comme un levier complémentaire de production bas-carbone à long terme.
Préparer l’avenir tout en sécurisant l’existant
Dans les prochaines années, Fortum prévoit d’accentuer le développement économique du projet, de renforcer ses partenariats et de poursuivre ses échanges avec des clients potentiels. L’entreprise insiste sur l’importance d’une harmonisation réglementaire et d’une stabilité politique à long terme, tant au niveau national qu’européen, pour garantir un environnement propice aux investissements.
Le groupe exploite actuellement la centrale nucléaire de Loviisa, composée de deux réacteurs VVER-440 à eau pressurisée, en service depuis 1977 et 1981. En mars, Fortum a soumis une demande de prolongation d’exploitation jusqu’en 2050. En parallèle, la société détient des participations dans les centrales d’Olkiluoto en Finlande et de Forsmark et Oskarshamn en Suède, consolidant ainsi sa présence sur le marché nucléaire nordique.
Petra Lundström, Vice-présidente exécutive de la division nucléaire de Fortum, a précisé que la prochaine étape consistera à construire un modèle économique robuste et à sonder les opportunités de partenariats pour un co-développement et un éventuel co-investissement dans un projet de nouvelle construction.