Le responsable du colossal fonds souverain de la Norvège a jugé mercredi qu’il serait « assez difficile » de faire retomber l’inflation mondiale en raison de tenaces pressions haussières telles que le changement climatique.
Le plus gros fonds mondial alerte sur les défis de l’inflation et du climat
« Ce que l’on pense de l’inflation mondiale, c’est qu’il peut être assez difficile de la faire baisser », a expliqué Nicolai Tangen lors de la présentation des résultats semestriels du fonds, le plus gros au monde avec 15.299 milliards de couronnes (1.332 milliards d’euros) d’actifs fin juin.
M. Tangen a en premier lieu évoqué les tendances commerciales internationales où le « nearshoring » — le rapprochement de la production des biens des marchés où ils sont consommés — prend le pas sur la mondialisation avec, pour effet, un renchérissement des coûts de fabrication.
« Mais la nouveauté, ce sont les effets climatiques, c’est-à-dire le lien entre le climat et l’inflation », a-t-il ajouté.
« On voit (…) cela dans les prix de l’alimentaire: le renchérissement de l’huile d’olive, des pommes de terre, du boeuf et de toutes ces choses nourrit l’inflation mais, ce qu’il y a de nouveau, c’est que (le climat) affecte aussi la productivité », a-t-il dit. M. Tangen a notamment évoqué un été « si chaud en Europe cette année que l’on ne peut pas travailler en milieu de journée » ou encore des intempéries toujours plus intenses qui dissuadent le tourisme.
« Du coup, les boutiques sont vides (…) On ferme des pans de la société pendant certaines périodes à cause du climat », a-t-il encore souligné.
Juillet 2023 a été marqué par des canicules et des incendies à travers le monde – a été le mois le plus chaud jamais enregistré sur Terre, selon le service européen Copernicus. Paradoxalement lui-même alimenté par les revenus pétro-gaziers de l’Etat norvégien, le fonds souverain dirigé par M. Tangen a fait du climat un de ses chevaux de bataille et impose des exigences en la matière dans les entreprises dans lesquelles il investit. Investi pour l’essentiel en actions mais aussi en obligations et dans l’immobilier à travers le monde, le fonds a gagné 1.501 milliards de couronnes (131 milliards d’euros) au premier semestre, dopé par les marchés boursiers, en particulier les valeurs technologiques soutenues par l’engouement des investisseurs pour l’intelligence artificielle. Avec des parts dans plus de 9.000 entreprises, il contrôle environ 1,5% de la capitalisation boursière mondiale.