Le changement climatique et la transition énergétique, dominants dans les débats mondiaux, poussent à scruter de plus en plus le rôle des institutions financières dans le soutien aux énergies fossiles. L’organisation non gouvernementale Reclaim Finance a récemment mis en lumière une contradiction frappante: de nombreuses grandes banques, reconnues pour leurs initiatives en faveur du climat, continuent de financer massivement le secteur des énergies fossiles.
Entre janvier et septembre 2023, 13 groupes pétroliers ont levé 45 milliards de dollars grâce à la réalisation de 40 émissions obligataires.
Les Acteurs Bancaires Majeurs Impliqués
Parmi les émissions les plus significatives, cinq totalisent à elles seules 12,2 milliards de dollars. Des entreprises comme BP, ConocoPhillips, Duke Energy, Eni, et Greensaif Pipelines Bidco, étroitement liées à l’expansion des énergies fossiles, ont orchestré ces émissions. Les acteurs majeurs du secteur bancaire tels que Bank of America, Barclays, BNY Mellon, BPCE-Natixis, Citi, Crédit Agricole, Deutsche Bank, Goldman Sachs, HSBC, JPMorgan Chase, Mizuho, Mitsubishi UFJ Financial Group, RBC et Société Générale figurent parmi les co-organisateurs de ces émissions.
Les Incohérences des Engagements Climatiques
En parallèle, des groupes d’investissement tels qu’abrdn (Standard Life Aberdeen), Allianz, BNP Paribas, BlackRock, BPCE-Natixis, Crédit Agricole, Credit Suisse, Deutsche Bank, Fidelity, HSBC, Invesco, JP Morgan Chase, Legal & General, Pictet, State Street, UBS, Vanguard, et Wellington détiennent ces obligations. Ce financement s’opère dans un contexte où ces institutions s’engagent publiquement pour un avenir à émissions zéro net. Reclaim Finance met en évidence l’incohérence et l’impact potentiellement dévastateur de telles actions, en particulier quand on déguise ces émissions obligataires en initiatives de développement durable.
L’Appel à l’Action de Reclaim Finance
Un cas notable est l’émission de 2,1 milliards de dollars par le groupe italien Eni, souscrite notamment par BNP Paribas et Crédit Agricole. BNP Paribas, en particulier, est critiquée pour sa politique ambiguë: bien qu’elle ait cessé de financer de nouveaux champs de pétrole et de gaz, elle continue de soutenir l’expansion d’activités existantes dans le secteur pétrolier. Cette situation met en lumière un décalage significatif entre les déclarations publiques et les actions concrètes des institutions financières. Dans ce contexte, Reclaim Finance appelle à une réévaluation urgente des stratégies de financement des banques et des investisseurs.
En effet, il est impératif que ces acteurs limitent leur soutien aux entreprises du secteur des énergies fossiles et commencent par ne plus participer à l’émission d’obligations pour de tels projets.
L’implication des grandes banques dans le financement des énergies fossiles soulève des questions sur la sincérité de leurs engagements climatiques. Il est essentiel que ces institutions réalignent leurs actions avec leurs discours pour une transition énergétique véritablement durable.