L’annonce de la fin de la licence d’exploitation de Chevron au Venezuela risque de perturber l’économie déjà fragilisée du pays. Chevron, qui participe à plusieurs projets pétroliers aux côtés de la compagnie publique vénézuélienne PDVSA, représente environ 25% de la production pétrolière du Venezuela, qui détient les plus grandes réserves mondiales de pétrole brut. Si cette décision est appliquée, elle pourrait avoir des répercussions directes sur la production et l’exportation du pétrole, secteur clé de l’économie vénézuélienne.
Les conséquences économiques pour le Venezuela
Le Venezuela traverse une grave crise économique, marquée par une chute de son PIB de près de 80% entre 2014 et 2021. La production pétrolière, qui s’élevait à 3 millions de barils par jour en 2002, a chuté à moins de 400 000 barils par jour en 2020, un niveau historiquement bas. Chevron, qui génère entre 150 et 200 millions de dollars par mois pour l’économie du pays, joue un rôle crucial en contribuant aux flux de trésorerie du gouvernement. L’absence de cette ressource financière pourrait aggraver la récession et entraîner une inflation galopante. L’économiste Leonardo Vera, de l’Université centrale du Venezuela, avertit que l’impact de cette décision pourrait transformer un scénario de croissance modeste en une crise encore plus sévère.
Les effets pour les États-Unis et le marché pétrolier
Du côté des États-Unis, l’impact direct semble limité. Selon Jorge Piñon de l’Energy Institute de l’Université du Texas, les consommateurs américains ne devraient pas sentir de différence significative, car les importations vénézuéliennes pourraient être remplacées par des exportations en provenance du Canada. Toutefois, la perte de Chevron comme partenaire stratégique au Venezuela pourrait compliquer la situation pour PDVSA, qui dépend de ses alliances internationales pour maintenir sa production. Si Chevron décide de se retirer, comme l’ont fait d’autres géants pétroliers tels qu’Exxon et Conoco, cela pourrait mettre fin à une partie importante de l’activité d’extraction, et la production vénézuélienne pourrait encore chuter.
Possibilité de négociation et perspectives futures
La licence de Chevron a été renouvelée pour six mois en février 2025, ce qui laisse une fenêtre de négociation avant sa révision complète en août prochain. Selon l’expert Francisco Monaldi, il est possible que des négociations aient lieu entre les autorités américaines et le gouvernement vénézuélien. Une pression similaire à celle exercée sur d’autres pays, comme la Colombie ou le Mexique, pourrait être envisagée, avec des menaces de sanctions économiques ou de modification des droits de douane. Toutefois, tout accord dépendra des concessions mutuelles et des bénéfices perçus par les deux parties.