Le Premier ministre de Slovaquie, Robert Fico, a annoncé une série de rencontres prévues avec les présidents de la Russie et de l’Ukraine, dans un contexte de repositionnement géopolitique de son gouvernement. Il prévoit de rencontrer Vladimir Poutine en Chine le 3 septembre, lors d’un déplacement officiel à l’occasion des commémorations de la capitulation japonaise pendant la Seconde Guerre mondiale. Deux jours plus tard, il accueillera Volodymyr Zelensky à Bratislava.
Cette initiative intervient quelques mois après des déclarations publiques dans lesquelles Fico affirmait qu’il n’existait « aucune raison » pour une rencontre avec Zelensky. Le dirigeant slovaque avait même affirmé que son homologue ukrainien « le détestait ». La confirmation de cette visite marque ainsi un net changement de ton dans les relations bilatérales, alors que Bratislava avait gelé son aide militaire à l’Ukraine depuis l’arrivée au pouvoir de Fico en 2023.
Rencontres bilatérales en marge des célébrations chinoises
La visite de Fico à Pékin inclura également des entretiens prévus avec le président chinois Xi Jinping et le Premier ministre indien Narendra Modi. Dans son discours pour la fête nationale slovaque, Fico a déclaré qu’il serait le seul chef de gouvernement de l’Union européenne à participer au défilé militaire organisé par la Chine pour marquer la fin du conflit asiatique de 1945. Il a exprimé ses regrets face à cette situation, sans commenter les raisons de l’absence de ses homologues européens.
La cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas, a été informée de ce déplacement à titre officiel. Aucun détail n’a été fourni concernant la nature des discussions prévues avec les dirigeants russe et chinois, mais le contenu géopolitique de ces échanges devrait attirer l’attention des partenaires de la Slovaquie au sein de l’Union européenne et de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN).
Positionnement international et rhétorique multipolaire
Depuis son retour au pouvoir, Robert Fico a modifié la politique étrangère de son pays, critiquant à plusieurs reprises les sanctions imposées à la Russie par l’Union européenne. Il a également suspendu l’envoi d’équipements militaires à Kyiv et dénoncé ce qu’il considère comme une orientation unilatérale de Bruxelles dans le conflit ukrainien. Lors de son discours, il a affirmé que le monde assistait à la naissance d’un « nouvel ordre multipolaire », un terme régulièrement utilisé par les autorités russes pour appuyer leur stratégie diplomatique.
Cette référence explicite à un monde multipolaire coïncide avec les messages véhiculés par Moscou depuis le début de son offensive contre l’Ukraine. Pour les alliés occidentaux de la Slovaquie, ces positions risquent de brouiller la clarté des engagements stratégiques pris par Bratislava dans le cadre des institutions européennes et transatlantiques.