La fermeture récente de la raffinerie écossaise de Grangemouth marque un tournant significatif dans la dynamique des stocks pétroliers du Royaume-Uni. Selon le dernier rapport publié par le Département britannique de la sécurité énergétique et du Net Zéro (Department for Energy Security & Net Zero), le pays a vu ses réserves d’hydrocarbures augmenter sensiblement au premier trimestre 2025. Cette hausse notable constitue le plus fort accroissement enregistré depuis le début de l’année 2022. Ce mouvement est directement lié à la réduction brutale de la capacité de raffinage britannique.
Hausse des stocks et baisse de la production nationale
Le rapport « Energy Trends », publié fin juin, indique que les stocks pétroliers ont augmenté de 280 000 tonnes métriques entre janvier et mars, atteignant un total de 10,8 millions de tonnes métriques. Cette progression reflète une augmentation d’environ 6 % par rapport à l’année précédente. Durant cette même période, la production nationale de carburants a reculé de 7 %, principalement affectée par la fermeture de la raffinerie de Grangemouth, qui représentait à elle seule 13 % des capacités britanniques de raffinage. Ce recul touche particulièrement le carburant aérien, l’essence et le diesel, avec des baisses respectives de 15 %, 13 % et 7,6 %.
La fermeture de Grangemouth oblige le Royaume-Uni à ajuster rapidement son approvisionnement pétrolier externe. Pour compenser ce déficit de production intérieure, les importations de produits raffinés ont augmenté de près de 4 % par rapport au même trimestre l’année précédente. Le déficit commercial pétrolier du pays s’est ainsi accru de 800 000 tonnes métriques sur la période. Les exportations britanniques, à l’inverse, ont chuté de 10 % sur la même période, accentuant encore l’effet d’une dépendance renforcée aux marchés extérieurs.
Réorganisation des approvisionnements et diversification des sources
Parallèlement à cette réorganisation forcée du marché pétrolier domestique, le Royaume-Uni a vu ses principaux fournisseurs changer légèrement. Le Koweït est devenu le premier fournisseur de produits raffinés, représentant environ un quart des importations totales du pays sur cette période, suivi par les États-Unis et les Pays-Bas. Cette diversification des sources d’approvisionnement est devenue indispensable pour éviter d’éventuelles ruptures d’approvisionnement, particulièrement dans le contexte d’une demande domestique qui reste solide, en particulier sur le diesel.
La situation a été aggravée temporairement par la mise à l’arrêt, pour entretien, de la raffinerie de Stanlow, la deuxième plus grande du pays. Cette fermeture temporaire, qui a duré de fin janvier jusqu’à mai 2025, a renforcé la pression sur les stocks et a accentué le besoin d’importations supplémentaires. À son redémarrage, cette installation stratégique a bénéficié d’une augmentation de sa capacité, passant de 198 000 barils par jour à 217 000, dans l’objectif de mieux répondre à la demande nationale.
Investissements dans les capacités nationales restantes
Dans ce contexte tendu, ExxonMobil investit également dans sa raffinerie de Fawley, située sur la côte sud, afin d’accroître sa capacité de production de diesel à faible teneur en soufre. Cet investissement doit aboutir en 2025 à une augmentation de 40 % des capacités du site, visant à mieux satisfaire une consommation nationale de carburant dominée par le diesel. Selon le rapport gouvernemental, la demande de diesel représentait environ 40 % de la consommation totale de carburants au premier trimestre 2025, enregistrant même une légère hausse de 1,5 % par rapport à l’année précédente.
L’évolution des stocks britanniques au premier trimestre 2025 témoigne ainsi d’une transition profonde pour l’industrie pétrolière nationale. La fermeture de Grangemouth, combinée aux opérations temporaires sur d’autres installations clés, a obligé le secteur à s’adapter rapidement, soulignant les défis économiques et stratégiques auxquels le Royaume-Uni fait désormais face en matière de sécurité énergétique.