Le procès pour favoritisme impliquant EDF et son ancien PDG Henri Proglio débute à Paris, attirant une attention médiatique considérable. L’affaire concerne des contrats de consultants attribués sans mise en concurrence entre 2010 et 2016, pour un montant total d’environ 22 millions d’euros. Le PNF (Parquet national financier) a identifié 44 contrats litigieux, signés par Henri Proglio ou d’autres dirigeants de l’entreprise, impliquant des personnalités influentes et des consultants de renom. Le procès, qui devrait durer deux semaines, voit comparaître Henri Proglio, ancien patron d’EDF de 2009 à 2014, Alain Tchernonog, ancien secrétaire général d’EDF, ainsi que onze consultants et dirigeants, accusés de favoritisme et de recel de favoritisme. La première journée du procès est consacrée aux débats de procédure, avec Henri Proglio attendu à la barre dès le deuxième jour pour être interrogé sur les pratiques de passation de contrats pendant son mandat. Cette affaire fait également écho à celle intentée contre le groupe Bourbon et ses dirigeants.
Détails des accusations
Le PNF accuse Henri Proglio et les autres inculpés d’avoir attribué des contrats de consultants sans appels d’offres, en violation des règles de la commande publique. Les contrats portaient sur des missions de conseil en communication, conseil stratégique, gestion des risques, renseignement et lobbying. Les montants allaient de 40 000 à quatre millions d’euros, et les bénéficiaires incluaient des communicants, anciens dirigeants d’entreprises, politiques, magistrats, avocats et journalistes. Une note interne de 2010, surnommée « Tchernonog », du nom de l’ancien secrétaire général d’EDF, établissait une procédure particulière pour la sélection des consultants, basée uniquement sur leurs références et leur notoriété, en violation des principes d’égalité de traitement, de transparence et de liberté d’accès à la commande publique. Selon le PNF, cette procédure permettait de contourner les règles de mise en concurrence normalement requises pour ces marchés.
Positions des parties
Les avocats d’Henri Proglio, Mes Jean-Pierre Mignard et Pierre-Emmanuel Blard, plaident l’innocence de leur client, arguant qu’une grande partie des faits sont prescrits et qu’il n’y a eu aucune volonté occulte. Ils soulignent que les procédures étaient transparentes et que Proglio n’a tiré aucun enrichissement personnel de ces contrats.
« Nous allons demander la relaxe, d’abord parce qu’une grande partie des faits sont prescrits et parce que, pour qu’il y ait favoritisme, il faut une volonté occulte. Or, tout a été d’une publicité rare, la volonté de cacher est absolument absente de ce dossier.
Le PNF, cependant, maintient que les contrats ont été attribués sans respecter les principes de transparence et de concurrence, élément essentiel dans la passation des marchés publics. Les consultants impliqués, dont certains comme Stéphane Fouks de Havas et Anne Méaux d’Image 7, ont déjà été condamnés à des amendes via des procédures de plaider-coupable. D’autres, comme Jean-Marie Messier, ancien PDG de Vivendi, et Loïk Le Floch-Prigent, ancien patron de GDF et de la SNCF, contestent avoir commis une infraction, invoquant la confidentialité des missions et la rareté des compétences requises comme justifications de l’absence d’appels d’offres.
Réactions politiques et stratégies d’Euronext
En réponse à cette affaire, le ministre de l’Économie français, Bruno Le Maire, a proposé l’établissement d’une UMC dans l’Union européenne pour répondre aux besoins de financement des entreprises comme TotalEnergies, qui envisage de se coter à la Bourse de New York en raison de la sous-valorisation en Europe. Emmanuel Macron a également soutenu cette initiative, visant à créer un véritable marché intérieur européen capable de concurrencer les grandes places financières mondiales. Stéphane Boujnah, président d’Euronext, a déclaré que malgré les efforts pour renforcer la liquidité des marchés européens, il reste difficile de changer les préférences des investisseurs américains, qui valorisent davantage les performances financières que les critères ESG (environnementaux, sociétaux et de gouvernance) en comparaison avec leurs homologues européens. Euronext travaille sur des solutions techniques pour maintenir les entreprises attachées aux marchés européens tout en répondant à leurs besoins de valorisation.
Analyse des perspectives de cotation
L’affaire de favoritisme chez EDF soulève des questions sur la gouvernance des entreprises publiques et la transparence des procédures de passation de marchés. TotalEnergies envisage de se coter à New York, mettant en évidence les défis de valorisation boursière et d’attractivité pour les entreprises européennes. Le procès d’Henri Proglio et des autres protagonistes met en lumière les enjeux de gouvernance et de transparence dans la gestion des entreprises publiques. La manière dont EDF et ses dirigeants vont gérer cette crise pourrait influencer les pratiques de gestion des contrats et la perception publique des entreprises énergétiques en Europe. La mise en place d’une UMC pourrait améliorer la compétitivité des entreprises européennes, mais elle ne résoudra pas nécessairement les problèmes de valorisation perçus par les investisseurs internationaux.
Le procès pour favoritisme impliquant EDF et son ancien PDG Henri Proglio met en évidence les défis de gouvernance et de transparence auxquels les grandes entreprises publiques doivent faire face. L’issue de ce procès pourrait avoir des répercussions significatives sur les pratiques de gestion des contrats et sur la perception publique des entreprises énergétiques en Europe, tout en soulignant la nécessité d’une union des marchés de capitaux pour renforcer la compétitivité des entreprises européennes sur la scène mondiale.