ExxonMobil Corporation a engagé des discussions directes avec le président du Mozambique pour obtenir des garanties sécuritaires concernant son projet de gaz naturel liquéfié Rovuma LNG, d’un coût estimé à $30bn. La société américaine n’a pas encore pris de décision finale d’investissement, notamment en raison de l’instabilité persistante dans la province de Cabo Delgado.
Un contexte sécuritaire toujours instable
Le projet Rovuma LNG, qui prévoit une capacité annuelle de 18 millions de tonnes de gaz liquéfié, est situé dans une région affectée par une insurrection islamiste depuis plusieurs années. L’intensification des attaques dans la zone avait déjà conduit TotalEnergies SE à déclarer un cas de force majeure pour son propre projet LNG voisin, après un massacre ayant causé la mort de plusieurs centaines de personnes. Cette mesure de suspension, en place depuis quatre ans, a seulement été levée plus tôt cette année.
La présence de forces étrangères a permis une stabilisation partielle. L’armée rwandaise continue d’assurer une présence active sur le terrain, après le retrait des forces de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), motivé par un manque de financements pour la mission.
Une relance conditionnée à l’engagement de l’État
Darren Woods, directeur général d’ExxonMobil, a insisté sur la nécessité de sécuriser la région avant tout engagement financier. Selon des sources proches des négociations, la compagnie américaine demande des assurances étatiques formelles pour éviter de nouveaux retards. Ce type de garanties, qui pourrait inclure un soutien militaire ou logistique accru, est jugé indispensable à la faisabilité du projet.
Le président mozambicain a confirmé les échanges, déclarant que l’implantation du projet Rovuma LNG aurait un impact significatif sur l’économie nationale. Cependant, aucun détail n’a été communiqué sur la nature exacte des mesures de sécurité envisagées ou sur un calendrier potentiel d’investissement.
Compétition régionale et signal de redémarrage
La relance annoncée cette semaine par TotalEnergies sur son propre site pourrait représenter un signal positif pour l’ensemble de la filière gaz liquéfié au Mozambique. Bien que distincts, les deux projets se situent à proximité et dépendent des mêmes paramètres géopolitiques pour leur développement. Dans ce contexte, l’engagement public d’Exxon auprès des autorités locales illustre la volonté de relancer un chantier stratégique à l’échelle continentale.
La pression pour sécuriser les investissements dans la région est accrue par l’enjeu économique que représente Rovuma LNG, pressenti pour devenir la plus grande installation d’exportation de gaz naturel liquéfié en Afrique.