Après plus de treize ans d’attente, des techniciens de Tokyo Electric Power Company (Tepco) ont extrait un échantillon de débris radioactifs à l’intérieur des réacteurs endommagés de la centrale nucléaire de Fukushima, gravement affectée par le tsunami de 2011. Cette opération, rendue possible grâce à des robots spécialisés, marque une avancée majeure dans les efforts de déclassement de la centrale, dont les travaux s’étaleront encore sur plusieurs décennies.
Les débris radioactifs ont été extraits de l’enceinte de confinement du réacteur pour la première fois, et leur niveau de radiation a été mesuré mardi dernier. Kuniaki Takahashi, représentant de Tepco, a déclaré que ce niveau était suffisamment faible pour permettre une étude approfondie en laboratoire. En transportant cet échantillon dans un centre de recherche, Tepco espère obtenir des informations essentielles sur l’état des matériaux et des structures internes des réacteurs. Environ 880 tonnes de débris radioactifs restent toujours au sein des réacteurs.
Un défi technologique de taille
La récupération des débris a nécessité la mise au point de robots capables de résister aux radiations intenses à l’intérieur des réacteurs. Depuis mi-septembre, Tepco procède à des tests pour extraire et analyser des fragments de débris dans le but de comprendre davantage les conditions internes des réacteurs endommagés. Cette étape est considérée comme l’un des défis les plus complexes dans le processus de démantèlement.
La catastrophe nucléaire de Fukushima est survenue le 11 mars 2011, lorsque le tsunami a frappé la centrale, entraînant la défaillance de ses systèmes de refroidissement. Cet accident, le plus grave depuis celui de Tchernobyl, a mis en lumière la nécessité de développer de nouvelles technologies pour répondre à l’ampleur de la décontamination et du démantèlement.
Gestion de l’eau contaminée et impacts internationaux
Parallèlement aux travaux de décontamination, le Japon a entrepris le rejet progressif d’eau stockée dans l’océan Pacifique depuis août 2023. Cette décision, validée par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), a suscité des réactions internationales, en particulier de la part de la Chine et de la Russie, qui ont suspendu leurs importations de produits de la mer en provenance du Japon. Pékin a toutefois indiqué en septembre dernier qu’elle reprendrait progressivement les importations de fruits de mer japonais après avoir évalué les impacts de cette mesure.
Le processus de déclassement de Fukushima représente un défi colossal pour le Japon et Tepco, nécessitant des solutions à long terme et l’élaboration de nouvelles technologies adaptées à la manipulation de matières hautement radioactives. Les analyses de cet échantillon de débris constituent une avancée qui pourrait permettre de mieux appréhender les conditions à l’intérieur des réacteurs, et de poser les bases pour une sécurisation progressive du site.