Les exportations russes de produits pétroliers, incluant le diesel, le fioul et le naphta, tombent à 2,09 millions de barils par jour (b/j) en août, selon les données de S&P Global Commodities at Sea. Ce niveau représente une baisse de 13 % par rapport à juillet, marquant un recul de 300 000 b/j sur un mois et de 700 000 b/j depuis janvier. Les raffineries en Russie réorientent leur production vers le marché intérieur en réponse à une forte demande estivale, tandis que les expéditions vers la Chine enregistrent une baisse marquée de 55 %, reflétant un affaiblissement de la consommation en Asie.
Les installations de raffinage en Russie ajustent leur production suite à une série d’attaques de drones ukrainiens survenues plus tôt cette année. Bien que certaines unités comme Yaroslavl demeurent opérationnelles après des tentatives d’attaque, d’autres sites tels que la raffinerie de Moscou connaissent des arrêts de production après des frappes début septembre. Ces événements perturbent la capacité d’exportation, tout en forçant une réévaluation des flux de produits.
Réduction des volumes d’exportation et répercussions
Le diesel, premier produit pétrolier exporté par la Russie, voit ses volumes chuter de 16 % en août pour atteindre 670 000 b/j, le niveau le plus bas depuis octobre 2023. Le naphta connaît également un recul, diminuant de 100 000 b/j à 337 000 b/j. Les exportations d’essence, particulièrement touchées, se contractent de 40 % à 75 000 b/j. Cette baisse pourrait s’accentuer avec l’interdiction russe des exportations d’essence, effective depuis début septembre et jusqu’à fin décembre, visant à stabiliser les prix domestiques en pleine saison de maintenance et de forte demande.
Les exportations vers la Chine, qui figurent parmi les principales destinations, enregistrent la baisse la plus significative. Le volume passe à 153 000 b/j, affecté par une conjoncture économique asiatique morose et une offre excédentaire de produits raffinés. La réduction des marges de raffinage sur le continent asiatique accentue cette situation, forçant les raffineurs chinois à réduire leur utilisation de brut, atteignant des niveaux historiquement bas.
Impacts de la maintenance et des ajustements de production
Les raffineries russes augmentent temporairement leur production en août avant le début de leur maintenance planifiée en septembre. Les sites de traitement de Gazprom à Astrakhan et Surgut reviennent en ligne après une période de maintenance, ce qui soutient temporairement les taux de raffinage. Cependant, des arrêts non planifiés dans certaines installations comme celle d’Omsk limitent les gains de production potentiels. Les raffineurs asiatiques, quant à eux, restent prudents face à la possibilité d’une surabondance des produits pétroliers chinois d’ici la fin de l’année, ce qui pourrait exacerber une situation de marché déjà sous pression.
Stabilisation des exportations de brut malgré les contraintes
Les exportations de brut russe se stabilisent en août, avec une légère hausse à 3,36 millions de b/j, une augmentation de 4 % par rapport à juillet. Les flux vers l’Inde, principal client de la Russie, rebondissent à 1,67 million de b/j après une baisse en juillet due à des maintenances prévues dans les raffineries indiennes. La Russie ajuste ses exportations pour se conformer aux réductions de production établies par l’OPEC+, tout en compensant la surproduction du premier semestre de 2024 par une baisse contrôlée des exportations.
Les marges sur le brut Urals évoluent dans un contexte de surveillance accrue des navires capables de contourner le plafonnement des prix imposé par le G7. Les évaluations de Platts montrent que la remise de l’Urals par rapport au Brent daté s’élargit légèrement début septembre, illustrant l’ajustement des acteurs de marché aux nouvelles dynamiques de conformité.