Les exportations russes de produits pétroliers ont subi une baisse significative en avril, atteignant les niveaux les plus bas depuis les confinements de la pandémie en 2020. Selon les données fournies par S&P Global Commodities at Sea, les chargements maritimes de diesel, de fuel oil, de naphta et d’autres produits raffinés ont légèrement augmenté en seconde moitié du mois pour atteindre une moyenne de 1,94 million de barils par jour (b/j), marquant une baisse de 360 000 b/j par rapport à mars, et presque 700 000 b/j en dessous des niveaux de janvier.
Impact des attaques de drones
Les capacités de raffinage de la Russie ont été sérieusement affectées par une série d’attaques de drones ukrainiens ciblant spécifiquement ses raffineries occidentales. Ces attaques ont non seulement endommagé les installations mais ont également entraîné la mise hors service de la raffinerie d’Orsk, d’une capacité de 116 000 b/j, pendant deux semaines en avril à cause des inondations. Le 27 avril, une des plus grandes attaques par drones a été lancée, abattant 66 drones au-dessus de la région de Krasnodar en Russie, endommageant les raffineries d’Ilsky et de Slavyansk.
Réparation et résilience
La Russie s’efforce de réparer rapidement les unités endommagées. Actuellement, 600 000 b/j de capacités de raffinage restent hors ligne, en baisse par rapport au pic de plus de 1 million b/j le mois précédent. L’industrie pétrolière russe a démontré une capacité remarquable à restaurer rapidement les capacités affectées, souvent en trois semaines seulement, selon les analystes de S&P Global.
Conséquences sur le marché et stratégies d’adaptation
Malgré les attaques, la Russie a mis en place des mesures pour limiter les impacts. Ceci inclut l’augmentation des opérations dans les raffineries non affectées et la priorisation des expéditions de produits pétroliers par rail pour combler les pénuries régionales de carburant. Par ailleurs, les attaques ont eu un effet modéré sur les prix du marché, avec les écarts de crack du diesel ayant diminué, reflétant une situation de stocks suffisants pour couvrir une demande affaiblie. Les écarts de crack du diesel par rapport au Brent daté à Rotterdam sont tombés en dessous de 16 $/b le 1er mai, en baisse par rapport à 18,50 $/b en avril.
Évolution des exportations vers l’Inde et autres marchés
Les données les plus récentes indiquent que les exportations russes de pétrole brut vers l’Inde ont bondi à un sommet de 11 mois en avril, atteignant presque 2 millions b/j, une hausse significative de 350 000 b/j par rapport au mois précédent. Cela contraste avec une réduction des flux vers la Chine et la Turquie, illustrant un réajustement dynamique des marchés d’exportation en réponse aux sanctions et aux contraintes logistiques. En réponse aux menaces continues à la navigation dans la mer Rouge, le volume de pétrole russe en mer a diminué depuis les records récents, malgré le soutien des voyages plus longs autour du Cap de Bonne-Espérance.
La crise des exportations de produits pétroliers russes en avril met en lumière la vulnérabilité et la résilience de l’infrastructure énergétique du pays. Malgré les défis continus posés par les attaques de drones et les conditions climatiques extrêmes, la Russie montre une capacité impressionnante à s’adapter rapidement. Les implications pour les marchés énergétiques mondiaux restent significatives, avec une attention particulière sur l’évolution des relations commerciales et la capacité de la Russie à maintenir ses exportations dans un contexte géopolitique tendu.