Selon le dernier rapport de l’AIE publié le 14 novembre, les prévisions mondiales de raffinage de pétrole pour les années 2023 et 2024 ont été revues à la hausse, anticipant des augmentations significatives de la production. Pour 2023, on s’attend à ce que le traitement mondial du pétrole brut augmente de 1,9 million de barils par jour (b/j), suivi d’une hausse d’un million de b/j en 2024, atteignant en moyenne 82,6 et 83,6 millions de b/j respectivement.
Cette révision à la hausse est due, en partie, à une activité de raffinage inattendue en septembre, principalement tirée par des performances record en Chine, avec 15,7 millions de b/j, et une activité accrue dans les pays de l’OCDE. Ces chiffres surpassent les estimations précédentes, indiquant une dynamique renforcée dans le secteur.
Impact de la Chine et émergence de nouvelles capacités
La Chine a joué un rôle prépondérant dans cette croissance annuelle. Cependant, l’impact de la Chine est prévu pour diminuer au fur et à mesure que nous avançons vers 2024. Cette transition s’explique par l’augmentation de la capacité de raffinage dans d’autres régions, notamment avec la mise en service de la raffinerie de Duqm à Oman et de Dangote au Nigeria.
Défis pour les raffineries existantes
La raffinerie de Duqm, qui a débuté ses opérations plus tôt en 2023, augmente déjà ses exportations. Les premières livraisons de pétrole brut de la raffinerie Dangote du Nigeria sont attendues en décembre, provenant de la compagnie pétrolière nationale NNPC. D’autre part, la raffinerie d’Al-Zour au Koweït a également augmenté sa capacité cette année, avec une annonce imminente de sa mise en service complète.
L’augmentation de la capacité dans les pays exportateurs de pétrole brut entraînera une reconfiguration des flux de marché du pétrole brut et des produits raffinés. Cette situation présente un défi pour les raffineries qui manquent d’échelle, de marché domestique protégé ou qui se situent dans la tranche supérieure de la courbe des coûts de l’industrie.
Performances inattendues dans les activités de raffinage
En outre, l’AIE anticipe que les activités mondiales de raffinage atteindront un pic annuel inédit de 84,2 millions de b/j en décembre, après avoir chuté à 81 millions de b/j en octobre. Les activités de raffinage de septembre, bien qu’en baisse par rapport au mois précédent dans les pays de l’OCDE en raison de la maintenance, ont été plus fortes que prévu dans les trois régions de l’OCDE: Europe, Asie Océanie et Amériques.
Cette performance supérieure aux prévisions suggère que les travaux de maintenance ont commencé plus tard que prévu, contribuant ainsi à une estimation plus basse pour les activités d’octobre. La force extraordinaire des marges de raffinage a probablement encouragé les raffineurs à maximiser les débits dans toute la mesure possible.
Perspectives futures et implications géopolitiques
En Europe, plusieurs raffineries, dont Gelsenkirchen, Holborn et MiRo en Allemagne, Gothenburg en Suède, ainsi que Stanlow et Pembroke au Royaume-Uni, ont effectué des travaux. En Chine, bien que les raffineries aient enregistré un record de traitement en septembre, la maintenance saisonnière devrait réduire l’activité en octobre et novembre. De plus, le manque de quotas d’importation de pétrole brut pour les entreprises indépendantes devrait limiter les niveaux d’activité jusqu’à la fin de l’année.
Dans le Moyen-Orient, les activités de raffinage ont augmenté en septembre et octobre grâce à la montée en puissance de Duqm, compensant ainsi la maintenance régionale. En Russie, l’AIE a estimé les activités de raffinage à 5,4 millions de b/j en septembre, probablement en raison de travaux de maintenance planifiés. Les activités d’octobre devraient diminuer davantage pour atteindre 5,2 millions de b/j, mais on suppose que les activités russes se redresseront vers la fin de l’année. La maintenance des raffineries russes, qui a commencé en août et a atteint son apogée en septembre et octobre, est en train de diminuer progressivement en novembre, avec la fin de tous les travaux prévue pour la fin du mois.
L’augmentation prévue de la capacité de raffinage mondiale en 2023 et 2024, impulsée par de nouvelles installations en Chine, au Moyen-Orient et en Afrique, représente un changement significatif dans le paysage énergétique mondial. Alors que certaines régions connaissent une expansion, d’autres, comme la Russie et l’Europe, naviguent à travers des défis distincts. Cette évolution suggère un avenir où les dynamiques de marché sont de plus en plus influencées par des facteurs géopolitiques et économiques complexes, offrant à la fois des opportunités et des défis pour l’industrie mondiale du raffinage.