Le gouvernement russe étend l’exonération des droits d’exportation pour le charbon thermique et l’anthracite jusqu’à la fin de l’année 2024. Cette décision, entrée en vigueur en mai, visait à alléger la pression financière sur les producteurs face aux sanctions internationales. Entre mai et août 2024, les exportations de charbon thermique atteignent 48,4 millions de tonnes métriques, contre 37,3 millions de tonnes sur les quatre premiers mois de l’année. Néanmoins, ces volumes restent similaires à ceux de la même période l’an dernier, suggérant que l’impact de cette exonération reste limité sur le long terme.
L’Asie, incluant la Chine, la Turquie, la Corée du Sud, l’Inde et Taïwan, est devenue le principal marché pour le charbon russe après les sanctions imposées par les pays occidentaux. Cependant, l’extension de l’exonération n’a pas modifié de manière significative les flux commerciaux, car de nombreux importateurs asiatiques adoptent une position prudente face à l’instabilité politique. Les banques chinoises, par exemple, commencent à restreindre les financements des transactions liées au charbon russe, même si la Chine reste le principal acheteur. Les importations chinoises augmentent à 20,4 millions de tonnes entre mai et août, mais ce chiffre reste stable par rapport à l’année précédente.
Sanctions et défis logistiques freinent le marché
Les sanctions occidentales limitent l’accès des producteurs russes aux marchés traditionnels, obligeant ces derniers à se tourner vers l’Asie. Toutefois, les contraintes logistiques, comme la disponibilité réduite des chemins de fer nécessaires pour transporter le charbon des régions minières de l’intérieur, compliquent la situation. Le coût du fret ferroviaire et maritime élevé érode les marges, en particulier pour les expéditions à destination de l’Inde et d’autres marchés éloignés.
En Turquie, malgré l’attrait pour le charbon à haute valeur calorifique issu des régions de la mer Noire et de la Baltique, les importations ne connaissent qu’une légère hausse, passant de 6,1 millions de tonnes de janvier à avril à 6,7 millions entre mai et août. Ce volume est toutefois en deçà des 7,4 millions de tonnes importées à la même période l’an dernier. Le coût compétitif du charbon russe est contrebalancé par les coûts logistiques et les incertitudes croissantes.
Positionnement des producteurs russes face à la concurrence asiatique
La Corée du Sud reste un marché clé pour le charbon russe à haute valeur calorifique, en particulier en raison de la hausse des prix des alternatives comme le charbon FOB Newcastle 6 000 kcal/kg NAR. Cependant, les importations sud-coréennes de charbon russe, bien qu’en hausse à 6,2 millions de tonnes entre mai et août, montrent une baisse par rapport aux 7,8 millions de tonnes importées sur la même période en 2023. Les acteurs du marché sud-coréen surveillent de près les développements liés aux sanctions et ajustent leurs approvisionnements en fonction des risques perçus.
Pour les producteurs russes de l’est, l’extension des exonérations de droits d’exportation pourrait offrir une marge d’adaptation temporaire, notamment si les marchés asiatiques comme la Corée du Sud maintiennent leurs niveaux d’importation. Toutefois, la volatilité des coûts de transport et les contraintes d’approvisionnement continuent de peser sur les résultats. Les marges pour les producteurs se situaient entre 0 et 5 dollars par tonne avant l’exonération, certaines entreprises opérant même à perte.
Perspectives pour les exportations russes de charbon
Malgré l’exonération prolongée, les coûts de transport, les sanctions internationales et la prudence des acheteurs freinent la demande. Les flux vers l’Inde restent limités, les importateurs indiens ne montrant pas un appétit marqué pour le charbon russe malgré l’amélioration des marges après la suppression des droits. En outre, les frais de fret ferroviaire et portuaire continuent d’affecter la compétitivité des producteurs russes sur le marché mondial.
La politique d’exonération pourrait néanmoins représenter une opportunité modérée pour certains producteurs russes si les restrictions logistiques sont allégées et que les sanctions ne s’aggravent pas. Cependant, les perspectives à long terme pour les exportations de charbon russe restent incertaines dans un environnement de marché marqué par des évolutions géopolitiques complexes et des restrictions financières croissantes.