L’Europe s’est fixé des objectifs de décarbonisation parmi les plus ambitieux au monde. Dans le contexte actuel, le rythme du changement s’accélère. En effet, après l’invasion de l’Ukraine par la Russie, la Commission européenne a présenté un plan « RePowerEU ». Il vise à réduire la dépendance énergétique de l’Europe vis-à-vis du gaz russe bien avant 2030.
Un plan ambitieux
Le plan proposé se base principalement sur deux éléments. D’une part, il doublera la part des énergies renouvelables variables dans la production d’électricité, pour atteindre 60 % d’ici à 2030. D’autre part, un large accroissement des capacités de stockage d’énergie est nécessaire à cette évolution rapide. En effet, le stockage de l’énergie permet au système de s’assurer une véritable flexibilité en cas d’imprévus.
Par conséquent, le segment naissant du stockage d’énergie à l’échelle du réseau dans la région connaît une croissance rapide. Les analystes de Wood Mackenzie prévoient que la capacité totale sera multipliée par 20 d’ici à 2031. Rien qu’en 2022, la demande européenne de stockage d’énergie à l’échelle du réseau connaîtra une croissance considérable de 97 % en glissement annuel. Cette évolution reflète l’émergence du stockage de l’énergie en tant que technologie énergétique courante. Au cours de la prochaine décennie, les dix premiers marchés européens ajouteront 73 GWh de stockage d’énergie, soit 90 % des nouveaux déploiements.
Les leaders européens
Le Royaume-Uni conservera sa couronne de premier marché de stockage à l’échelle du réseau de la région jusqu’en 2031. Le pays possède en effet la plus grande réserve de projets de stockage en Europe, avec 25 projets de plus de 100 MW. La confiance des investisseurs permet au Royaume-uni de développer rapidement ses capacités en la matière.
L’Irlande occupera la deuxième place en 2022, avec 0,31 GW/0,37 GWh de nouveaux déploiements. Toutefois, l’Italie revendiquera cette deuxième place dans l’ensemble de la décennie jusqu’en 2031. En effet, d’ici 2030, l’Italie aura le deuxième taux de pénétration de l’énergie solaire dans l’approvisionnement en électricité en Europe. Cette croissance associée à des prix spot élevés, à une interconnexion limitée et à des mécanismes politiques favorables favorisera la croissance du segment du stockage d’énergie à l’échelle du réseau.
Enfin, L’Allemagne occupe la troisième place en termes de capacité nouvellement ajoutée à l’échelle du réseau jusqu’en 2031. Cependant, si l’on combine la capacité à l’échelle du réseau et la capacité derrière le compteur, l’Allemagne deviendra le premier marché du stockage de l’énergie en Europe jusqu’en 2031. Ainsi, le rythme de croissance varie grandement selon les pays .
Un défi d’ampleur
Bien que la confiance des investisseurs soit en hausse, l’obtention de financements et le respect des procédures d’autorisation constituent toujours des défis importants. En effet, les projets de stockage peinent à assurer la rentabilité de leur durée de vie. Le modèle économique actuel dépend fortement de la volatilité des prix de l’électricité et des marchés auxiliaires, qui ne sont pas assez volatils pour assurer la rentabilité. Une augmentation de 7 % des prix des systèmes de stockage d’énergie en 2022 a ajouté un risque supplémentaire.
Toutefois, le doublement de la capacité installée d’énergie éolienne et solaire en Europe d’ici 2031 débloquera de nouvelles applications de stockage. Cette évolution apportera plus de certitude à la mise en place de projets de stockage. Elle incitera également à investir dans des systèmes de plus longue durée.
Notons que la hausse des prix du cobalt, et du lithium fait augmenter les prix des systèmes de stockage en 2022. Cependant, les investissements mondiaux dans l’approvisionnement des matières premières devraient atténuer les pressions sur les coûts d’ici la fin de 2024. De plus, la réglementation est essentielle pour débloquer 42 GW de capacité de stockage en Europe. Ainsi, les obstacles politiques doivent être surmontés pour que le stockage atteigne son potentiel.