La diversification des sources énergétiques en Europe, suite à l’invasion de l’Ukraine par la Russie en 2022, a entraîné un fort intérêt pour le gaz naturel liquéfié (GNL). Actuellement, 42 projets sont prévus d’ici 2025, dont 31 projets proposés et 11 en construction. Ces projets visent à assurer la sécurité énergétique de la région, réduisant ainsi la dépendance au gaz russe, qui est tombé à 30 millions de m³/jour.
L’Europe a connu une hausse rapide des capacités de regazéification pour pallier les contraintes d’approvisionnement en GNL, mais la demande actuelle reste faible. Selon les données de S&P Global Commodity Insights, les installations de regazéification fonctionnent à un taux d’utilisation moyen de 46 % en 2024, et n’ont pas dépassé les 70 % depuis avril 2023.
Stockage de Gaz en Europe
Les capacités maximales de stockage de gaz en Europe pourraient entraîner une baisse des prix du gaz naturel au troisième trimestre, malgré un marché du GNL tendu. Les prix du gaz naturel et du GNL devraient connaître une tendance à la baisse alors que les capacités de stockage de gaz de l’Union européenne (UE) atteignent leur maximum. Toutefois, cette baisse sera limitée par la nécessité d’attirer un volume d’importations durable sur un marché du GNL restreint.
Depuis le début de 2023, les contrats à terme du TTF néerlandais, principale référence pour les prix du gaz en Europe, ont connu une fluctuation importante. Après un pic en janvier, les prix ont légèrement augmenté en juin avant de culminer le 13 octobre lorsque les sites de stockage européens étaient remplis à 97,69 %, selon les données de Gas Infrastructure Europe (GIE).
En 2024, les prix ont continué de fluctuer entre 22,9 €/MWh et 36 €/MWh. Au début du deuxième trimestre, les sites de stockage étaient remplis à 59,36 %. Les prix du contrat à terme TTF ont ensuite grimpé de 20,7 % pour atteindre 31,83 €/MWh au 12 juillet, les sites étant remplis à 80,52 %.
Prévisions pour le Troisième Trimestre
Les analystes prévoient que les prix du TTF baisseront au fur et à mesure que les capacités de stockage atteindront leur maximum avant la fin octobre. Toutefois, cette baisse sera modérée par un marché du GNL serré, rendant le système gazier européen vulnérable aux interruptions d’approvisionnement en Norvège ou aux États-Unis.
En date du 15 juillet, les importations de GNL en Europe s’élèvent à 79,66 milliards de mètres cubes (Bcm), contre 99,98 Bcm et 94,13 Bcm sur les mêmes périodes en 2023 et 2022 respectivement. Cette diminution survient à un moment où les volumes des pipelines sont restés relativement bon marché par rapport aux cargaisons de GNL.
Impact des Importations et Prix du GNL
Platts a évalué le prix du marqueur DES Nord-Ouest européen pour août à 10,090 $/MMBtu au 12 juillet, soit un rabais de 8,5 cents/MMBtu par rapport au prix du hub gazier TTF néerlandais. Les rabais GNL-TTF en Europe ont en moyenne atteint 32,5 cents/MMBtu cette année, contre 1,385 $/MMBtu et 3,849 $/MMBtu en 2023 et 2022 respectivement.
Ces rabais plus serrés ont rendu l’approvisionnement par gazoduc plus économique que les cargaisons de GNL pour la saison de reconstitution des stocks estivale. Cependant, les conditions d’arbitrage favorisant l’Europe par rapport à l’Asie, les volumes de GNL américain devraient augmenter en août et septembre.
Perspectives de Fin d’Année
Avec des volumes accrus de GNL américain, des flux de gazoduc stables et des importations robustes en provenance d’Algérie, le marché européen devrait atteindre sa capacité maximale de stockage plus tôt que l’année dernière. Malgré cette capacité accrue, des chocs d’approvisionnement pourraient encore affecter le marché.
L’année dernière, les prix du GNL en Europe du Nord-Ouest ont chuté d’un pic hivernal de 16,877 $/MMBtu le 23 octobre 2023 à un bas de 9,377 $/MMBtu le 31 décembre. Les prix ont continué de baisser pour atteindre 8,251 $/MMBtu le 31 mars avant d’entrer dans la saison d’injection européenne.
Les développements rapides des infrastructures de regazéification en Europe pourraient ainsi représenter une assurance contre les pics de demande futurs. Cependant, les taux d’utilisation actuels, combinés à une demande encore timide, soulèvent des interrogations sur la rentabilité et l’efficacité à long terme de ces investissements massifs.