Les terminaux pétroliers en eaux profondes, comme le Sea Port Oil Terminal (SPOT) d’Enterprise Product Partners, sont au centre d’une controverse grandissante aux États-Unis. Alors que ces infrastructures visent à augmenter la capacité d’exportation du pétrole brut américain pour répondre à la demande mondiale, elles suscitent une vive opposition parmi les législateurs démocrates. Ces derniers, menés par le sénateur Ed Markey et le représentant Raul Grijalva, demandent une suspension immédiate de l’approbation des nouvelles licences pour ces terminaux, insistant sur les risques accrus pour le climat et les communautés locales.
SPOT, situé à 35 miles des côtes texanes, est conçu pour charger jusqu’à 2 millions de barils par jour. Malgré les arguments avancés par l’administration en faveur de ce projet, notamment sa contribution supposée à la sécurité énergétique nationale, les législateurs soulignent que ces infrastructures prolongent la dépendance aux combustibles fossiles et exacerbent le changement climatique. Ils demandent à la Maritime Administration (MARAD) de revoir ses critères d’approbation en intégrant des considérations de justice environnementale et de santé publique.
Une révision des critères d’approbation en jeu
Les législateurs dénoncent également le cadre actuel d’évaluation des projets, jugé trop étroit pour saisir les véritables impacts climatiques de ces infrastructures. Ils proposent que les critères d’approbation incluent une évaluation plus large des effets à long terme sur l’environnement et les populations locales, plutôt que de se limiter à la sécurité énergétique. SPOT, dont la mise en service est prévue pour 2026 ou 2027, a déjà surmonté plusieurs défis juridiques, mais reste sous le feu des critiques pour son incompatibilité perçue avec les engagements climatiques de l’administration Biden.
Cette opposition n’est pas isolée. Trois autres projets de terminaux en eaux profondes sont actuellement en attente d’approbation dans le Golfe du Mexique : Bluewater, Blue Marlin et GulfLink. Ces projets, s’ils sont combinés à SPOT, pourraient générer 24 milliards de tonnes métriques de gaz à effet de serre sur 30 ans, un chiffre équivalent à celui produit par près de 6 170 centrales à charbon annuellement. Les législateurs estiment que ces projets représentent une expansion inacceptable de l’industrie pétrolière à un moment où des efforts significatifs de décarbonation sont nécessaires.
Défis pour la politique énergétique américaine
Les tensions entre la nécessité de répondre à la demande mondiale de pétrole et les engagements climatiques des États-Unis sont de plus en plus apparentes. L’administration Biden, en accordant ces licences, doit jongler avec la pression des élus, des militants environnementaux et des acteurs de l’industrie. La redéfinition de l’intérêt national pour inclure des critères environnementaux plus stricts est au cœur du débat. Ce processus pourrait influencer la trajectoire future des politiques énergétiques américaines, en particulier dans le contexte d’une transition vers des sources d’énergie plus durables.
La décision finale sur l’avenir de ces terminaux en eaux profondes aura des répercussions non seulement sur l’industrie pétrolière, mais aussi sur la position des États-Unis dans la lutte contre le changement climatique.