Les contrats à terme sur le gaz naturel en provenance des États-Unis plongent d’environ 17 % ce jeudi. C’est leur plus bas niveau en trois mois. Une des causes de cette chute est l’arrêt de l’usine Freeport LNG au Texas ce qui entraîne un stockage de gaz de la part des services publics. En outre, la production et la consommation des Etats-Unis rendent les estimations du marché du gaz incertain pour l’avenir.
Un surplus de stockage de gaz
Premièrement, Freeport, la deuxième plus grande usine d’exportation de GNL des États-Unis consommait environ 2 milliards de pieds cubes par jour (bcfd) de gaz avant sa fermeture le 8 juin. Ainsi, l’arrêt prévu laisse environ 180 bcf de gaz disponibles sur le marché américain.
Deuxièmement, ce sont les régulateurs américains qui ferment l’usine à Freeport à cause de la découverte de conditions dangereuses d’exploitation. Ils n’autoriseront pas le redémarrage de l’usine tant qu’une analyse externe ne fera pas le tri dans ce qu’il faut améliorer. Là-dessus, l’Administration américaine de l’information sur l’énergie (EIA) déclare que les services publics du pays ajoutaient 82 bcf de gaz au stockage la semaine dernière. Cela dépasse l’estimation des analystes sur une capacité de stockage de 74 bcf. Une note de Gelbert & Associates relate ce contexte.
» Le fait de dépasser de 8 milliards, au cours d’une semaine particulièrement chaude en juin n’est pas un mince exploit. Ceci résulte directement de l’arrêt de Freeport LNG et de la bonne santé de la production renouvelable. «
Des incidences directes sur les prix
D’abord, les contrats à terme sur le gaz aux États-Unis pour livraison en août perdent 16,5 %de leur valeur. Ils s’établissent à 5,424 $ par million d’unités thermiques britanniques (mmBtu) ce jeudi. C’est leur plus bas niveau depuis le 29 mars. Il s’agit également de la plus forte baisse en pourcentage sur une journée depuis la fin janvier.
Ensuite, ce surplus d’offre fait diminuer la valeur des contrats à terme sur le gaz pour le second trimestre de 4 %. Pourtant, les États-Unis profitaient indirectement de la guerre en Ukraine du fait d’une forte demande de GNL en Europe et en Asie. De facto, il y avait des craintes que Moscou ne réduise ses approvisionnements en gaz vers l’Europe. Le gaz américain s’échangeait autour de 46 dollars par mmBtu en Europe et 39 dollars en Asie.
Les paramètres du marché du gaz aux États-Unis
À ce sujet, il faut comprendre que les contrats à terme des États-Unis sur le gaz sont en retard sur les prix mondiaux. En tant que premier producteur mondial, il est nécessaire de prendre en compte la consommation domestique et les capacités d’exportations de GNL. Ces deux facteurs conjoncturels structurent le marché du gaz américain.
Le fournisseur de données Refinitiv prévoit que la demande moyenne de gaz aux États-Unis augmente la semaine prochaine. Avec les exportations comprises, elle passerait de 94,1 bcfd à 95,3 bcfd. De surcroît, la quantité de gaz acheminée vers les usines d’exportation de GNL américaines sont en baisse en juin. Cela passe de 12,5 bcfd en mai à 11,1 bcfd en raison de la panne de Freeport.
Du côté de la production de gaz, la moyenne dans les 48 États américains est de 95,1 bcfd en juin. C’est une baisse par rapport au 95,2 bcfd de mai et le record mensuel de 96,1 bcfd en décembre 2021.
En conclusion, il y a un ajustement de la production sur la demande estimée. Cet équilibre va permettre de maintenir un prix stable pour les semaines à venir. Cependant, des incertitudes demeurent en fonction des infrastructures et du contexte géopolitique.