Aux États-Unis, la flambée des prix du gaz naturel a augmenté les coûts de fabrication et de transport dans de nombreuses industries. Cette situation devrait perdurer alors que les États-Unis exportent davantage de gaz vers l’Europe pour compenser les fournitures russes perdues en raison des sanctions.
États-Unis : une production de gaz en baisse :
Les contrats à terme sur le gaz naturel américain ont doublé cette année. Bien plus que les augmentations des prix de détail de l’essence et du diesel. Ce qui a d’ailleurs mis les Américains en colère contre l’industrie énergétique ainsi que contre le gouvernement.
De nombreux dirigeants d’entreprises industrielles estiment que les États-Unis, autrefois grand commerçant de gaz naturel, devraient cesser d’exporter du gaz. En contrepartie, il s’agit de favoriser leurs propres besoins. Mais les producteurs de gaz font pression pour obtenir plus de capacités d’exportation et plus de permis de forage.
La production de gaz dans des endroits clés des États-Unis a ralenti cette année, en partie à cause de la capacité insuffisante des gazoducs. Le mauvais temps a également réduit la production et stimulé la demande.
Un choc des prix :
L’invasion de l’Ukraine par la Russie et les sanctions qui ont suivi ont provoqué une ruée vers les exportations américaines de gaz refroidi sous forme liquide. Les usines américaines de gaz naturel liquéfié (GNL) ont consommé 15 % de la production nationale à la mi-mars.
Peter Hunsman, directeur général, déclare :
« Les consommateurs vont subir des chocs (de prix). La société a répercuté plus de 1,5 milliard de dollars d’augmentation du coût des matières premières l’année dernière la plupart étant dus à l’énergie ».
Les contrats à terme sur le gaz naturel américain ont bondi à 7,854 dollars par mmBtu vendredi, contre 3,730 dollars au début de l’année 2022. Cependant, ils restent bien inférieurs au prix de référence européen de 31 dollars et au prix asiatique de 24 dollars par mmBtu.
Enfin, Paul Cicio, président de l’IECA (Industrial Energy Consumers of America), déclare :
« Le secteur manufacturier ne peut investir et créer des emplois sans l’assurance que les prix du gaz naturel et de l’électricité ne seront pas mis en péril par des exportations excessives de GNL ».
Le groupe souhaite que Washington cesse d’approuver les permis d’exportation de GNL jusqu’à ce que les faibles stocks de gaz américains soient reconstitués.
De grosses factures de chauffage :
Aux États-Unis, certaines entreprises craignent que les factures de chauffage ne s’envolent l’hiver prochain. En cause, les prix n’ont pas connu la baisse habituelle au printemps cette année, lorsque la demande de chauffage diminue.
Les factures de chauffage de l’hiver dernier étaient insoutenables, a déclaré John Schmeiser, PDG de la Western Equipment Dealers Association, un groupe commercial.
À ce sujet, les dirigeants de l’industrie du GNL ont déclaré que les prix élevés devraient stimuler la nouvelle production. Ils souhaitent que l’administration Biden approuve de nouveaux projets.
Dan Brouillette, président de Sempra Infrastructure, qui développe des usines de GNL, déclare :
« Il est nécessaire de développer non seulement des gazoducs supplémentaires, mais aussi des installations d’exportation supplémentaires « .
La plupart des nouveaux projets ne seront toutefois pas mis en service avant au moins la fin de l’année prochaine ou 2024. À l’heure actuelle, les contrats à terme sur le gaz américain devraient atteindre 20 dollars par mmBtu pour refroidir la demande de GNL américain.
Paul Sankey, analyste de Sankey Research, déclare :
« Il n’y a pas de limite supérieure pour le gaz naturel américain tant que nous ne brisons pas l’arbitrage pour les exportations de GNL ».